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Pourquoi l'Europe accorde "un droit à polluer" à l'industrie automobile

Les députés européens ont validé mardi la possibilité pour les constructeurs de dépasser de 110% les seuils d'émissions de dioxyde d'azote, ce qui provoque l'indignation de Ségolène Royal. Mais derrière ce vote se cache la prise en compte d'enjeux économiques.

Le Parlement européen a voté mardi à une courte majorité l'assouplissement des seuils de dépassement autorisés. Les constructeurs pourront donc encore dépasser de 110% les limites d'émissions de dioxyde d'azote pendant cinq ans. La France, par la voix de Ségolène Royal, a fait part de son indignation. 

L'Europe "donne aux constructeurs automobiles le droit de polluer", peste la ministre de l'Environnement qui y voit un recul dans la lutte contre la pollution. Si de prime abord, le vote des eurodéputés peut surprendre, il faut relativiser: les élus européens ont avant tout pris en compte l'aspect économique du dossier.

Une supercherie reconnue

En effet, comme les prochains tests seront en partie réalisés en conditions réels, les ingénieurs ne pourront jamais atteindre en deux ans le seuil des 80 mg de dioxyde d'azote par kilomètre, comme le stipule la législation européenne pour les tests en laboratoire. Le risque de rendre inutilisable les véhicules sortant des usines des constructeurs automobile européens est trop grand. L'impact économique serait considérable.

Avec ce vote ils reconnaissent indirectement la grande supercherie des tests d'homologations en vigueur actuellement. Et c'est d'ailleurs ce qui devrait ressortir des tests aléatoires réalisés par la France après le scandale Volkswagen. Selon Ségolène Royal sur près de 50 modèles testés pas un seul ne respecte les normes en vigueur. Les émissions de dioxyde d'azote oscillent actuellement entre 5 et 11 fois les limites autorisées.

Mathieu Sévin, édité par J.M.