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Pourquoi l'Europe ne veut pas rater le virage des réseaux mobiles 5G

Pour le commissaire au numérique, Günther Oettinger, les réseaux 5G seront le système nerveux de la société et de l'économie numérique de demain.

Pour le commissaire au numérique, Günther Oettinger, les réseaux 5G seront le système nerveux de la société et de l'économie numérique de demain. - AFP Emmanuel Dunan

Bruxelles souhaite que l'industrie et les opérateurs restent en course dans l'ultra haut débit mobile, prévu pour 2020. L'enjeu est politique et économique face à l'Asie et l'Amérique qui ont mieux négocié qu'eux, le virage de la 4G.

La nouvelle Commission Européenne a profité du grand rendez-vous de la téléphonie mondiale à Barcelone, pour mobiliser "ses troupes" autour de la 5G. Celle-ci est censée multiplier par 100 à 1000 par la capacité des réseaux mobiles actuels pour que des milliards d'objets puissent s'y connecter.

Même si cette cinquième génération de réseaux mobiles ne commencera pas à être déployée par les opérateurs, au mieux avant 2020, l'urgence a été décrétée depuis plusieurs mois à Bruxelles. L'enjeu : éviter que se reproduise le scénario de la 4G qui a vu les Etats-Unis investir massivement dans ces réseaux mobiles (il est vrai qu'ils avaient presque sauté l'étape de la 3G) et l'Europe tarder à se mobiliser.

L'Asie est déjà dans les starting-blocks

L'enjeu est tout autant politique et économique que technologique, face à la montée des constructeurs asiatiques. Huawei va consacrer à la 5G, 600 millions de dollars d'ici à 2018 et Samsung bénéfice de l'avance de la Corée en matière d'usage du très haut débit mobile.

En mobilisant ses forces et sa capacité financière, Bruxelles veut enclencher un cercle vertueux favorable à l'industrie européenne (Ericsson, Nokia, Alcatel-Lucent), qui avait su profiter des réseaux cellulaires 2G dont le Vieux continent avait été le berceau.

" L'Europe est encore en retard dans les déploiements de la 4G mais il y a des signes encourageants et les investissements planifiés dans la 4G sont en train de décoller " a souligné le commissaire européen Günther Oettinger de passage au salon MWC de Barcelone, qui se tient jusqu'au 5 mars 2015.

125 millions d'euros débloqués pour financer 20 projets liés à la 5G

Il a notamment rappelé le partenariat public-privé (5G PPP) concrétisé en décembre 2013 avec l'Union européenne, qui apporte 700 millions d’euros, les industriels et opérateurs impliqués s'étant engagés à apporter ensemble cinq fois ce montant. "Nous allons débloquer 125 millions d'euros pour financer 20 projets qui devront mettre au point des briques de base de la 5G, comme les plates-formes de services et les technologies nouvelles de radio" a ajouté Oettinger.

La nouvelle commission européenne a l'intention de développer la coordination avec les autres grands pays, dans la foulée de la déclaration commune effectuée avec la Corée en juin 2014. "Il est dans notre intention de signer des accords similaires avec la Chine, le Japon et les Etats-Unis" a souligné le commissaire.

Deux grands défis à relever se dressent sur la longue route vers les réseaux mobiles de cinquième génération : la normalisation de cette technologie, qui doit débuter en 2016 et la libération de bandes de fréquences adaptées et harmonisées en Europe. "Dans le passé l'Europe a été fragmentée sur ce plan mais nous ne pouvons nous le permettre avec la 5G" a rappelé avec gravité le commissaire européen.

Frédéric Bergé