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Pourquoi le livre numérique est toujours à la traîne en France

L'e-book ne représentait en 2014 que 1,6% en valeur des ventes de détail de livres en France, contre 27 % aux États-Unis,

L'e-book ne représentait en 2014 que 1,6% en valeur des ventes de détail de livres en France, contre 27 % aux États-Unis, - AFP Pierre Duffour

Plusieurs études soulignent l'usage modéré du livre numérique. Les Français ont encore une pratique complémentaire du numérique par rapport au papier.

Inertie des comportements ou réticence devant un prix jugé comme encore élevé par rapport aux versions papier, le livre numérique décolle lentement.

Pourtant, près d'un Français sur cinq a déjà lu un livre numérique, selon le dernier baromètre SOFIA/SNE/SGDL sur les usages du livre numérique. Depuis la première édition de ce baromètre en 2012, le nombre de lecteurs de livres numériques est passé de 5% à 18%.

Toutefois, l'e-book ne représentait en 2014 que 1,6% en valeur des ventes de détail de livres, loin derrière les États-Unis où il représente 27% des ventes, selon le Syndicat nationale de l'édition (SNE).

La France est très en retard par rapport à ses voisins

La France est également en retard par rapport à ses voisins européens: le livre numérique représentait en 2013 4,5% du marché en valeur en Espagne, 3,7% en Italie, 3,2% aux Pays-Bas et 2,4% en Allemagne, selon une autre étude du cabinet GfK.

Si le livre numérique ne décolle pas en France, ce n'est pourtant pas un problème d'équipement. Près d'un Français sur deux (49%) est équipé d'un smartphone en 2015, contre 46% en 2014, et trois personnes sur dix disposent d'une tablette tactile (34%), contre 29% en 2014, d'après une étude publiée en février par GfK. Il faut ajouter à cela les 350.000 liseuses vendues en 2014 (comme le Kobo de la Fnac ou le Kindle d'Amazon), ce qui représente selon GfK un parc installé de 950.000 liseuses à fin 2014, soit 3,4% des foyers.

Il semble qu'il faille plutôt chercher, chez nos compatriotes, une appétence relative pour le numérique. Une majorité a encore du mal à couper définitivement les ponts avec le livre papier qu'ils continuent à acheter.

Les Français ont une pratique duale : numérique et papier

D'après le baromètre SOFIA/SNE/SGDL, le livre numérique ne fait pas vraiment d'ombre au livre papier : 62% des lecteurs numériques ont lu un livre imprimé au cours du dernier mois.

Selon ce baromètre, les lecteurs multi-supports "ont une pratique du numérique complémentaire du papier": en 2015, et depuis qu'ils lisent des livres numériques, les lecteurs concernés sont 62% à estimer lire autant, 64% à acheter autant et 64% à dépenser autant pour des livres, qu'ils soient numériques ou imprimés.

Pour les éditeurs, cette faible appétence pour le livre numérique se double de pratiques peu génératrices de revenus. Plus de la moitié (51%) des sondés téléchargent le plus souvent les livres numériques gratuits, qui sont tombés dans le domaine public. Le téléchargement illégal est par ailleurs en progression: 20% des lecteurs numériques admettent avoir eu recours à une offre illégale contre seulement 13% l'année dernière.

L'épineuse question de la TVA applicable

Cette progression du téléchargement illégal laisse suggérer que le prix du livre numérique pose problème dans notre pays. La France a donné trois mois aux vendeurs d’e-books tel Amazon, pour revenir sur leurs abonnements illimités. Ces offres d'abondance, par leurs prix attrayants, auraient incité à consommer des livres numériques mais… elles ne seraient pas conformes à la loi sur le prix unique du livre, fixé par les éditeurs.

Par ailleurs, se pose en Europe, la question de la TVA applicable au livre numérique. La France, l'Allemagne, la Pologne et l'Italie viennent de protester contre le prix trop élevé des livres et ont demandé, ce jeudi 19 mars, dans une déclaration conjointe à la Commission européenne d'agir "sans délai" afin d'appliquer des taux de TVA réduits pour tous les livres, y compris numériques.

F.Bergé avec AFP