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Pourquoi le recrutement d'un cadre prend-il aussi longtemps en France?

Les candidats demandent un délai de réflexion de plus en plus long, selon les recruteurs.

Les candidats demandent un délai de réflexion de plus en plus long, selon les recruteurs. - Martin Bureau - AFP

Dans près de 4 cas sur 10, les entreprises mettent plus de 9 semaines pour boucler une embauche, selon une étude de l'Apec. Manque de notoriété de l'entreprise, longueur des circuits de validation en interne ou agendas surchargés des managers contribuent à allonger les délais.

Quand une entreprise publie une offre d'emploi auprès de l'Apec, elle reçoit en moyenne 41 candidatures. Mais cela n'est qu'une première étape du processus de recrutement: en moyenne, il faut compter 9 semaines entre la publication de l'offre et la signature du contrat par le candidat sélectionné. Dans près de 4 cas sur 10, le délai dépasse ces deux mois. Or les processus de recrutement qui traînent en longueur ne font pas que ralentir le développement de l'activité, ils peuvent aussi être nuisibles à l'image de ce qu'on appelle dans le jargon la marque employeur.

L'association pour l'emploi des cadres a mené une trentaine d'entretiens auprès des recruteurs en entreprise et en cabinet de recrutement, ainsi que des experts en ressources humaines et des cadres récemment recrutés pour savoir quels étaient les facteurs responsables de cet allongement.

Les cadres qui se montrent difficiles

En premier lieu, il y a l'état du marché de l'emploi dans le secteur concerné. Une fois son annonce postée, l'employeur reçoit un faible nombre de candidatures. "Il existe dès lors une forte concurrence entre les entreprises pour attirer les profils, qui sont le plus souvent déjà en poste, ce qui conduit à un allongement des délais de recrutement", souligne l'Apec. Les candidats se montrent en effet plus exigeants au niveau salaire. Les entreprises aux moyens limités auront plus de difficultés à trouver la personne acceptant leurs conditions salariales.

Autre frein: la localisation géographique de l'entreprise. Les cadres privilégient les bureaux situés en centre-ville, plus accessibles et attractifs à leurs yeux. Le dynamisme économique du territoire entre aussi en compte, notamment quand le salarié a une famille: "Les entreprises présentes, mais aussi la proximité des écoles et des universités, l’offre de loisirs et de transports, sont des éléments qui encouragent ou non les candidatures", met en avant l'Apec. L’allongement des délais peut s’expliquer par un manque d’attractivité de l’entreprise et de son secteur d’activité, qui génèrent peu de vocations. Les PME ou les entreprises industrielles mettent ainsi souvent plus de temps à trouver le profil recherché.

Des décideurs en désaccord

Mais si certaines entreprises perdent autant de temps à signer les contrats d'embauche, c'est aussi souvent du fait de leur processus de recrutement. Il y a notamment les contraintes d'agenda: plusieurs semaines peuvent s’écouler avant que les managers opérationnels ne disposent d’un créneau horaire pour recevoir les candidats. "On a dû attendre deux mois, après avoir identifié le candidat, que le N+2 ait une disponibilité pour le voir" témoigne un responsable des ressources humaines d'une banque. Au final, il a fallu 6 mois pour boucler le recrutement.

Le dernier mot revient au candidat

Les délais de recrutement peuvent aussi s'allonger du fait de désaccords sur le profil à retenir entre les responsables des ressources humaines, les managers et la direction générale. Plus les décideurs sont nombreux, plus il s’avère difficile d’obtenir un consensus, met en avant l'Apec.

Le recruté peut aussi avoir sa part de responsabilité: si certaines embauches s'éternisent, c'est du fait du candidat retenu, pointent du doigt les recruteurs. Les cadres en poste hésiteraient à l'idée de quitter leur CDI pour passer par une période d'essai. Aussi, prennent-ils plus de temps pour mesurer le pour et le contre avant de signer leur contrat. 

C.C.