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Pourquoi le sauvetage de Banco Popular par Santander est un événement historique

Banco Popular a été vendue pour un euro à Santander

Banco Popular a été vendue pour un euro à Santander - Pierre-Philippe Marcou - AFP

C'est la première fois que le mécanisme européen de résolution des crises visant à protéger les épargnants est utilisé. Banco Santander a racheté sa concurrente au bord de la faillite pour 1 euro, rinçant les actionnaires et les créanciers de Banco Popular.

L'opération a peut-être l'air anodine, il s'agit pourtant d'une grande première. Ce mercredi, les autorités espagnoles ont annoncé que la banque Banco Popular serait racheté par sa compatriote Banco Santander pour la somme totalement symbolique de 1 euro.

Comme beaucoup d'autres banques hispaniques, Banco Popular a été heurtée de plein fouet par la crise et l'éclatement de la bulle immobilière espagnole qui a gonflé son bilan de prêts toxiques. Au point de placer Banco Popular en situation de quasi-faillite.

La grande nouveauté est que cette banque a été "sauvée" en utilisant pour la première fois le mécanisme de résolution unique (MRU), second pilier de l'union bancaire européenne, qui permet, pour faire simple, d'ordonner la faillite d'une banque pour, à la fois, protéger au maximum ses clients et éviter que les contribuables ne soient mis à contribution.

Une "excellente nouvelle"

Invité de BFM Business, l'économiste Jacques Delpla, chercheur associé à l'École d'Économie de Toulouse évoque "une excellente nouvelle".

"C'est la première fois dans la zone euro que l'on applique ce mécanisme (entré en vigueur le 1er janvier 2016, ndlr). On a mis officiellement une banque à genoux, on a rincé totalement les actionnaires et on a probablement fait de même avec les détenteurs de dette junior (un titre de dette dont les détenteurs sont remboursés après les autres créanciers en cas de faillite). On a ensuite cherché un acheteur que l'on a trouvé tout de suite avec Santander. Il n'y a aucune panique, les déposants ne sont pas touchés, seulement les actionnaires qui ont mis de l'argent et certains prêteurs", développe-t-il.

L'économiste juge aussi que l'Espagne montre le bon exemple à l'Italie. Le système bancaire transalpin inquiète en effet l'ensemble des autres pays de la zone euro alors que les établissements italiens croulent sous les créances douteuses, qui représentent un total de 360 milliards d'euros, soit près d'un cinquième du PIB du pays.

Le mal italien

Sur ce point, Guillaume Dard, président de Montpensier Finance, rappelle que la mise en oeuvre de ce mécanisme n'est pas sans limite. Le MRU repose en effet sur le principe du "bail-in" (renflouement interne, sans intervention extérieure par opposition au "bail-out" lorsque l'État vient sauver une banque). Les actionnaires et créanciers de la banque sont en effet les seuls à être mis à contribution. Or, "les banques italiennes ont poussé les particuliers à acheter des obligations risquées de banques", rappelle Guillaume Dard. Si bien qu'en 2015, selon la Banque d'Italie, 29 milliards d'euros de prêts des banques étaient détenus par des ménages italiens. Ces derniers risqueraient de perdre leur mise en cas de bail-in. Ce qui fait dire à Guillaume Dard que "l'on entre dans des sujets politiques qui sont très complexes".

J.M.