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Pourquoi les entreprises chinoises se ruent sur le football français

L'OGC Nice est détenu à 80% par des investisseurs chinois, associés à des Américains.

L'OGC Nice est détenu à 80% par des investisseurs chinois, associés à des Américains. - Valery Hache - AFP

Avec la bénédiction des autorités, les sociétés chinoises investissent en masse dans les clubs européens, et en particulier français. Mais pour des raisons parfois bien éloignées du football.

Après la vague venue du Moyen-Orient, voici le tsunami chinois. Cela n’aura en effet échappé à personne: depuis peu, les capitaux des entreprises issues de l’empire du milieu déferlent sur le football européen.

La France est particulièrement concernée, et les prises de contrôle des clubs hexagonaux, partielles ou totales, se multiplient. En Ligue 1, le fonds d’investissement IDG Capital Partners est ainsi devenu actionnaire à 20% de l’Olympique Lyonnais pour environ 100 millions d’euros.

Plus au sud, 80% du capital de l’OGC Nice est désormais détenu par des investisseurs chinois – associés à des Américains. De son côté, l’AS Nancy Lorraine s’apprêterait à céder aux sirènes d’un conglomérat de Shanghai.

À l’étage inférieur, le club de Sochaux est passé depuis un an sous pavillon chinois. La vente de l’AJ Auxerre, elle, est plus qu’imminente.

Ce qui semble ravir les dirigeants de la Ligue professionnelle de football (LFP) et de la Fédération française de football (FFF), qui viennent d'annoncer l'ouverture d'un bureau commun à Pékin.

En Europe, la tendance est la même, et le géant asiatique place ses pions dans les plus grands championnats. Aston Villa et West Bromwich en Angleterre, l’Atletico Madrid en Espagne, l’Inter et le Milan AC en Italie… Tous ont en commun d’avoir un actionnaire (à des degrés divers) chinois.

Les entreprises veulent plaire au président chinois

Plusieurs raisons peuvent expliquer cet intérêt soudain. D’abord, à l’instar des qataris, des bénéfices en termes d’image sont espérés. Surtout, ces acquisitions ou prises de participation apparaissent comme une réaction à la volonté du président chinois Xi Jinping. Ce dernier a en effet engagé un immense chantier pour que le géant asiatique rattrape son retard en matière de football. Avec, comme objectif affiché, l’organisation de la Coupe du monde 2026.

Les effets n’ont pas tardé à se faire sentir, avec un développement exponentiel du championnat national et des investissements massifs des grandes entreprises telles qu’Alibaba (commerce en ligne) ou Evergrande (immobilier) dans les clubs locaux. Il faut dire que des allègements fiscaux ont été proposés aux groupes désireux d’investir dans le football, en Chine comme à l’étranger.

Le dernier mercato hivernal a également démontré que la machine était en route, puisque le championnat chinois a dépensé 331 millions d’euros pour attirer des joueurs, pour la plupart étrangers. Soit 80 millions d’euros de plus que la toute puissante Premier league anglaise.

Double avantage

En dehors des frontières chinoises, investir dans un club présente un double avantage pour les entreprises. D’abord, cela leur permet de diversifier leurs activités. Mais aussi, et surtout, de placer leurs avoirs à l’étranger avec la bénédiction du pouvoir en place.

Beaucoup de sociétés, grosses ou petites, s’inquiètent en effet de la future législation régulant les sorties de capitaux que compte mettre en place Xi Jinping. La fièvre des investissements européens est donc peut-être amenée à durer.

Les Girondins de Bordeaux, prochaine cible chinoise en France?

Des investisseurs chinois vont-ils mettre la main sur le club bordelais? C’est en tout cas une éventualité sérieuse, si l'on en croit une étude réalisée par Natixis. "Le FCGB est un club important en France, situé dans l’une des principales villes françaises et très connu à l’international", rappelle l’étude. "L’appétit pour le club pourrait, selon nous, être important de la part d’investisseurs étrangers (chinois par exemple, qui ont récemment investi beaucoup dans la région bordelaise, notamment dans certains vignobles".