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Pourquoi les lacs émettent plus de gaz à effet de serre que des États

Des chercheurs ont observé que les étendues d'eau artificielles génèrent d'importantes quantités de méthane. (image d'illustration)

Des chercheurs ont observé que les étendues d'eau artificielles génèrent d'importantes quantités de méthane. (image d'illustration) - FGH Photo - Flickr - CC

Des scientifiques auraient découvert que l'ensemble des étendues d'eau artificielles de la Terre polluerait davantage que certains pays.

L’eau qui nous entoure polluerait-elle l’air que nous respirons ? Cette question peut faire sourire. Cependant, dix chercheurs (représentant plusieurs pays et des organisations différentes) ont récemment décidé d’unir leurs compétences pour tenter d’y apporter une réponse. Pour y parvenir, ils ont donc examiné quelque 200 études et publications. L’intégralité de leur travail sera publié la semaine prochaine dans la -très sérieuse- revue scientifique BioScience, mais plusieurs extraits ont déjà été dévoilés.

Ainsi, il apparaît clairement que les retenues d'eau artificielles, c'est-à-dire les lacs, réservoirs et autres bassins de rétention d'eau créés par l'Homme, émettent des quantités non-négligeables de dioxyde de carbone (CO2). Selon ces chercheurs, l'ensemble des réservoirs non-naturels de la planète émettrait annuellement l'équivalent d'une gigatonne (des milliards de tonnes) de CO2 dans l'atmosphère. Soit autant qu'un pays comme le Brésil, classé 7e émetteur mondial de gaz à effet de serre.

La nature des sols mise en cause

Les scientifiques ont également constaté que ce milieu aquatique particulier produit d’importantes quantité de méthane. Un gaz à effet de serre qui possède un potentiel de réchauffement global 23 fois plus puissant que le dioxyde de carbone.

Cité par le magazine Popular Science, John Harrison, l’un des chercheurs, explique que ce phénomène est lié à la qualité des sols immergés par l’Homme. "Des résidus de matières organiques et de végétaux présents dans les sols (après immersion) peuvent être convertis par des bactéries en méthane et en dioxyde de carbone". L’engrais utilisé sur les terres environnantes peut également entraîner, par effet de ruissellement, "une prolifération d’algues" capables de produire du méthane et du dioxyde de carbone. Mais, comme le rappellent ces scientifiques, ces émissions pourtant conséquentes ne sont pas prises en compte dans le bilan carbone des États.

Antonin Moriscot Journaliste BFMTV