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Pourquoi mentir dans ses emails est une mauvaise idée

En dépouillant des milliers de mails, des chercheurs ont identifié les tournures très prisées des menteurs dans leurs écrits.

En dépouillant des milliers de mails, des chercheurs ont identifié les tournures très prisées des menteurs dans leurs écrits. - Stock Photos - CC

Quand votre patron vous envoie le brief de son dernier projet, évitez de lui répondre "brillant" ou "sublime". Ces adjectifs sont souvent utilisés par des personnes qui mentent, ont mis en avant des chercheurs britanniques.

Qui n'a jamais menti à son boss ou un collègue pour se faire bien voir ou pour éviter un conflit? Qui n'a jamais enjolivé la réalité devant un recruteur pour décrocher le poste convoité? Si vous voulez persister dans cette pratique, il va falloir vous montrer de plus en plus malin car une équipe de chercheurs de la Cass Business School de Londres ont mis au point un logiciel qui détecte les mensonges dans les échanges écrits. Et cela marche aussi pour les sites de rencontres.

Pour y parvenir, ils ont analysé des archives comprenant plusieurs dizaines de milliers de courriers électroniques, comportant des contenus véridiques et d'autres mensongers, pour identifier les tournures de phrases, le vocabulaire qui pouvaient les différencier. 

La comparaison s'est révélée fructueuse: quand il s'agit de faire passer un bobard, les auteurs prennent une certaine distance avec leurs écrits et emploient rarement le "je", "moi", "mien" dans leurs échanges. Ils utilisent aussi en abondance les adjectifs pour montrer l'emphase, avec une préférence particulière pour "brillant" et "sublime".

Identifier les menteurs et les fraudeurs

Les menteurs ont aussi l'habitude de structurer exagérément leurs arguments, sans doute pour leur donner du poids. Ils ont aussi plus facilement recours à la flatterie, et aiment à s'imprégner du style linguistique du destinataire au fur et à mesure des échanges. Le tout pour passer aux yeux de leurs interlocuteurs pour des personnes conciliantes et agréables.

L'algorithme capable de détecter la tromperie pourra trouver de nombreuses utilisations. "Les autorités et les entreprises pourront désormais évaluer la possibilité d’une fraude et identifier des menteurs", explique Tom van Laer, maître de conférences en marketing à la Cass Business School.

Son collègue Ko de Ruyter y voit notamment une application concrète lors des relations entre une entreprise et ses clients. "Les clients peuvent être malhonnêtes et cela coûte beaucoup d'argent aux entreprises. Notre logiciel de détection de mensonges peut aider une entreprise à évaluer si ses clients déforment la vérité en leur faveur et à décider si elle souhaite encore traiter avec eux". Concrètement, les entreprises de services pourront voir si un client ne ment pas sur son niveau d'insatisfaction pour obtenir quelques remboursements. Les assureurs pourraient aussi y voir un intérêt pour les petits malins qui voudraient tenter de les arnaquer.

C.C.