Pourquoi Paris n'est pas encore la capitale du wi-fi public et gratuit
La ville lumière n'est pas encore la capitale du wi-fi, n'en déplaise à Anne Hidalgo. "Je veux étendre le réseau Paris wi-fi à toute la ville, pour ne jamais avoir à marcher plus de 5 minutes avant de trouver un hotspot gratuit" promettait-elle dans son programme de candidature à la mairie de Paris, en 2014. Pourtant, il a fallu attendre la veille du début de l'Euro 2016, le 9 juin 2016, pour que les Champs-Élysées offrent enfin aux parisiens et aux touristes, de surfer gratuitement sur Internet avec leur smartphone, leur PC ou leur tablette. Avant, c'était le désert numérique qui était proposé aux 20 millions de touristes qui déambulent chaque année sur l'avenue la plus célèbre de la capitale.
Paris souffre encore de la comparaison avec Londres, sa grande rivale de toujours. Dans le domaine du wi-fi comme dans d'autres secteurs, celle-ci a bénéficié de l'effet J.O. En 2012, Londres avait décidé de voir les choses en grand en déployant par le biais de l’opérateur mobile O2 une vaste zone de couverture en wi-fi gratuit sur les principales artères et quartiers de son centre ville. De son côté, New-York reconvertit ses 7.500 cabines téléphoniques en autant de bornes publiques wi-fi pour que le piéton accède à Internet dans toute la ville.
JD Decaux exploite le service wi-fi des Champs-Élysées
A Paris, l'heureuse initiative qui bénéficie à sa célébrissime avenue, n'est pourtant issue, ni d'un opérateur télécoms ni de la ville. Elle est à mettre au crédit d'une association loi 1901, le comité Champs-Élysées, qui organise les illuminations de Noël sur la célèbre avenue.
"La couverture radio est continue sans rupture de communication, à la manière d'un réseau mobile, pour le piéton qui descend ou gravit l'avenue" explique Édouard Lefebvre, du comité Champs-Élysées. L'afficheur JC Decaux a été retenu pour déployer et exploiter ce réseau. Pour financer ce service gratuit et illimité (en durée), ce dernier recourt à la publicité sur le portail internet qui s'affiche lors de la première connexion. Pour la mairie, c'est aussi une bonne affaire financière. Pour chaque borne wi-fi installée sur la voie publique, elle perçoit une redevance annuelle de 5.000 euros.
Pour pouvoir se connecter depuis les autres artères passantes parisiennes, l'internaute devra patienter ou... s'en remettre à Paris wi-fi. Mais, ce service, mis en place depuis plusieurs années par la Mairie de Paris et la Région Île de France, n'offre qu'une couverture lacunaire de Paris. Ses 400 bornes wi-fi sont réparties dans 276 lieux municipaux: jardins et squares publics, mairies, bibliothèques ou encore musées de la ville. Un grand arrondissement en superficie comme le 15e ne compte qu'une vingtaine de points d'accès sans fil.
Paris privilégie ses parcs et jardins publics pour le wi-fi
Ce service est limité à deux heures de connexion, renouvelables. Il n'est accessible que dans la limite des horaires d’ouverture au public des sites municipaux équipés (parcs, bibliothèques…) à l'exception de quelques rares espaces ouvert 24h24 comme le parvis de l'hôtel de ville de Paris.
Consciente des insuffisances de son réseau wi-fi municipal, la capitale a lancé un "appel public à manifestation d'intention", qui s'est clos le 6 mai 2016. Son objectif était de "tester" le marché des opérateurs potentiels désireux de se lancer dans le déploiement de réseaux wi-fi à Paris. Il s'agit d'une simple consultation : les répondants n'ont aucune garantie de conclure un contrat ultérieurement, précisent les autorités municipales. Avis aux amateurs: la mairie a fixé des redevances de 500 euros à 5.000 euros l'an (sur les artères fréquentées comme les Champs-Élysées ou le boulevard Haussmann) pour chaque borne wi-fi installée sur le domaine public.
En attendant que la capitale devienne un eldorado du wi-fi gratuit, les internautes accros aux connexions Internet "de rue" pourront toujours se réfugier dans une des grands gares parisiennes de la SNCF. Celles-ci proposent depuis 2015 des accès sans fil publics, financés par la publicité, à la disposition de leurs voyageurs ou des internautes de passage...
Le wi-fi à Paris a connu plusieurs générations d'opérateurs