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Pourquoi Samsung met 16 milliards d'euros dans les puces électroniques

L'industriel investit massivement dans son activité de mémoires électroniques qu'il fournit à nombre d'autres fabricants. Samsung veut pousser son avantage dans un contexte de pénurie nourrie par la forte demande de grande capacité de stockage, liée à l'essor de l'internet des objets, de la voiture connectée et du big data.

Samsung Electronics va investir l'équivalent de quelque 15,6 milliards d'euros dans son activité industrielle de puces mémoire d'ici 2021. Ces investissements massifs, propres à l'industrie des semi-conducteurs qui exige des usines très coûteuses, se destinent à ses sites de production dans un secteur où il a des positions fortes de marché. L'industriel détenait au premier trimestre 2017 plus de 40% du marché mondial des puces mémoires qu'il vend à une pléthore d'autres sociétés high tech renommées, dont Apple, pour les besoins de stockage de leurs smartphones, tablettes ou ordinateurs.

Premier site industriel à bénéficier de l'enveloppe de près de 16 milliards d'euros, celui de Pyeongtaek, à quelque 70 km de Séoul. Cette nouvelle usine pharaonique, sans doute la plus grande du genre au monde, a déjà bénéficié de 12 milliards d'euros d'investissement sur les deux dernières années, rien que pour la construire. La production de mémoires de type V-Nand de quatrième génération vient d'y démarrer pour livrer les premiers clients de ces puces de grande capacité de stockage (jusqu'à 512 gigaoctet).

Un risque de pénurie alimentée par la forte demande

Selon Samsung, l'essor conjoint de l'internet des objets, de la voiture connectée, du big data et de l'intelligence artificielle, nourrit la demande pour ces mémoires. "Nous planifions de répondre activement à ces demandes en faisant des investissements réactifs sur nos lignes de production en Corée et à l'étranger", a assuré le groupe coréen. Pour satisfaire cette forte demande, Samsung prévoit également d'agrandir l'usine de production de puces Nand, implantée en Chine dans la ville de Xian. Il n'a toutefois pas fourni de précision sur le calendrier et le montant de cet investissement.

Selon les analystes, la demande serait telle que la pénurie de puces mémoires devrait se poursuivre tout au long de 2017, entraînant une montée des prix, qui profiterait aux grands producteurs du secteur dont Samsung ou son concurrent national SK Hynix.

Samsung a connu des revers de fortune dans le mobile

Les investissements de Samsung consacrés à son activité de composants électroniques sont aussi censés amortir ses récents revers de fortune sur le marché des smartphones. Sur ce marché, Samsung est à la fois concurrencé par les fabricants chinois sur les produits d'entrée et de milieu de gamme, et par les iPhone de son rival Apple dans les smartphones haut de gamme. La fiabilité légendaire du groupe sud-coréen a par ailleurs été ébranlée par le fiasco industriel du Galaxy Note 7 en 2016.

Toutefois, Samsung Electronics est parvenu à enregistrer sur les trois premiers mois de 2017 son plus important bénéfice net trimestriel depuis plus de trois ans, à 7680 milliards de wons (5,88 milliards d'euros), la très forte demande en puces ayant compensé l'échec du Galaxy Note 7.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco