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Pourquoi Siemens arrête brutalement certaines de ses activités en Russie

Le géant industriel allemand Siemens a décidé de se désengager de plusieurs de ses activités russes. (image d'illustration)

Le géant industriel allemand Siemens a décidé de se désengager de plusieurs de ses activités russes. (image d'illustration) - David Ebener - DPA - AFP

Le géant industriel allemand Siemens, qui s'estime dupé par un partenaire local ayant transféré certains de ses produits vers la Crimée, région visée par des sanctions de l'Union européenne, a décidé de mettre un terme à diverses coopérations avec la Russie.

Siemens réduit ses collaborations avec la Russie. L'entreprise allemande a décidé de vendre l'ensemble de ses parts minoritaires dans le groupe russe industriel Interautomatika. Selon un communiqué, Siemens va également mettre fin à un accord de licence avec des entreprises russes en matière d'équipements pour centrales électriques à cycle combiné.

En outre, l'allemand va cesser, pour le moment, toute livraison d'équipements de centrales dans le cadre de contrats existants avec toute entreprise contrôlée par l'État russe, et mettre en place des contrôles supplémentaires par ses propres employés, qui auront lieu également pour tout nouvel engagement commercial dans le pays.

Du matériel livré en Russie a été transféré en Crimée 

Ces décisions interviennent alors que début juillet, Siemens a annoncé avoir "reçu de sources fiables l'information qu'au moins deux des quatre turbines" à gaz livrées à l'été 2016 dans le sud de la Russie, se trouvaient en réalité en Crimée. L'industriel allemand assure depuis avoir "reçu des informations crédibles montrant, qu'en dépit de tous ses efforts récents et passés, les quatre turbines à gaz livrées pour le projet Taman ont été localement modifiées et illégalement déplacées vers la Crimée. À l'encontre des engagements contractuels".

Or, la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en 2014 par la Russie est une région visée par des sanctions de l'Union européenne auxquelles doivent se plier les entreprises européennes. Aussi, quand la présence en Crimée des deux premières turbines a été découverte, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, a fait remarquer que c'était "du devoir de l'entreprise de vérifier si ses transactions tombent sous le régime des sanctions". Il a également affirmé qu'un "passage de la frontière vers la Crimée (...) à l'encontre des assurances données, est un fait (...) significatif et totalement inacceptable".

Interrogé à Moscou, un porte-parole du Kremlin n'a pas voulu commenter les décisions prises par Siemens. "C'est une question pour les entreprises qui mènent ces collaborations et il y aura un dialogue entre ces entreprises", a déclaré ce porte-parole, Dmitri Peskov.

Des poursuites judiciaires lancées

En parallèle de son retrait, Siemens a lancé des poursuites judiciaires en Russie à l'encontre de l'entreprise russe TPE (à qui ont été livrées les turbines) et de ses responsables. L’industriel allemand réclame le retour des turbines sur leur lieu de livraison d'origine et propose leur rachat.

Le projet Taman porte sur la construction d'une centrale thermique dans la péninsule de Taman, dans la région de Krasnodar en Russie, qui fait directement face au couloir de terre de Kertch en Crimée.

La Russie cherche à mettre fin à la dépendance énergétique de la Crimée à l'égard de l'Ukraine, après plusieurs coupures de courant massives en raison de sabotages visant les lignes à haute tension côté ukrainien. En mai 2016, le président russe Vladimir Poutine a annoncé que la Russie comptait investir plus de 50 milliards de roubles (727 millions d'euros) d'ici 2020 pour moderniser les infrastructures électriques en Crimée.

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Antonin Moriscot avec AFP