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La presse hollywoodienne raille les moeurs de la Croisette

La bible de Hollywood "The Hollywood Reporter" n'est pas tendre avec la French Riviera

La bible de Hollywood "The Hollywood Reporter" n'est pas tendre avec la French Riviera - -

Marché noir, criminalité, grèves à répétition... La presse américaine n'est pas tendre avec les à-côtés du Festival de Cannes.

Durant le Festival de Cannes, The Hollywood Reporter publie une édition quotidienne, où la bible de Hollywood décrypte les moeurs locales à destination du californien moyen. Une vue de Sirius dont la French Riviera ne sort pas grandie. Revue des trois points noirs ciblés cette année.

> 1-le marché noir

Cette année, The Hollywood Reporter a décidé de briser un tabou en parlant pour la première fois du trafic de places de cinéma qui a lieu durant le Festival. Il s'agit de places pour les projections du soir en smoking et robe de soirée, précédées par la fameuse montée des marches.

Officiellement, le Festival ne vend pas ces places, mais les distribue gratuitement selon des procédures très complexes, et leur revente est interdite. Officieusement, ces places très prisées s'échangeraient sous le manteau entre 2.000 et 5.000 euros pièce, à en croire The Hollowood Reporter. Le journal cite même une société londonienne ayant pignon sur rue, The Sincura Group, qui en fait le commerce ouvertement. Interrogé, le Festival a répondu avoir tenté -en vain- de mettre fin aux activités de Sincura. De son côté, le délégué général Thierry Frémaux a assuré "ne pas être au courant" de ce marché noir.

L'article indique aussi qu'un autre marché noir a lieu pour les invitations aux mythiques soirées cannoises, qui circuleraient pour 4.000 à 5.000 euros.

> 2-les grèves

"Il y a toujours quelque chose, des grèves ou des manifestations, durant Cannes, mais cette année, c'est vraiment extrême, et cela touche tout le monde", déplore Claire Stewart, directrice du festival du film de Londres, dans The Hollywood Reporter.

Il est vrai que l'édition 2014 a réussi à combiner une grève locale des taxis et des bus, et une grève nationale le 15 mai, qui a notamment perturbé les vols aériens. Sans compter les intermittents du spectacle qui ont débarqué dans le Grand journal de Canal Plus.

Les taxis protestaient contre l'arrivée du service de chauffeur privé Uber. Ils ont même tenté d'établir un blocus de Cannes le 15 mai, mais en ont été empêchés par la police. Un producteur a raconté avoir dû se cacher à l'arrière d'un taxi non gréviste pour ne pas être repéré par les taxis grévistes.

Toutefois, la grève a fait les affaires des compagnies d'hélicoptères. Ainsi, Heli Air Monaco, pour la modique somme de 500 euros, a proposé de remplacer au pied levé les taxis, qui sont eux-même hors de prix. La compagnie indique avoir ainsi assuré sept vols vers Cannes le 15 mai, contre zéro habituellement...

> 3-la criminalité

L'édition 2013 du Festival de Cannes avait été marquée par une série de cambriolages retentissants. Une série de mesures a donc été prise depuis. La Croisette et les grands hôtels sont désormais couverts par des caméras de vidéo-surveillance. Près d'un millier d'hommes ont été déployés: 350 policiers, 200 policiers municipaux, et 400 agents de sécurité privés. Les employés des hôtels et des magasins ont même été formé au repérage des criminels, assure The Hollywood Reporter, qui a même publié une carte des endroits à éviter...

Des mesures qui semblent avoir quelque effet. A l'ouverture du Festival, la police ne recensait que 19 cambriolages depuis le début de l'année, contre 178 durant toute l'année 2013. Mais des cambriolages de villas de producteurs ont quand même eu lieu durant le Festival.

The Hollywood Reporter conclut sévèrement: "Cannes et le crime sont toujours allés de pair. Chaque mois de mai attire des gangs organisés venant de Marseille et d'Europe de l'Est, et des flopées d'escrocs occasionnels. La Côte d'Azur est la région de France avec la criminalité la plus élevée, hormis l'Ile-de-France"

Jamal Henni à Cannes