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Pétrole: l’Opep maintient son plafond de production, les prix au plus bas

Les cours du pétrole ont chuté de 30% depuis le printemps.

Les cours du pétrole ont chuté de 30% depuis le printemps. - Franck Fife - AFP

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole a décidé jeudi de laisser son plafond de production inchangé, malgré la chute des cours depuis trois mois. Conséquence: le prix du pétrole a atteint un nouveau plus bas depuis quatre ans.

Pour la première fois depuis plusieurs années, les pays exportateurs de pétrole ont peiné à trouver un accord, faisant face à une situation inédite. Les cours de l’or noir ont en effet chuté de plus de 30% depuis le printemps. Malgré tout, les 12 Etats membres réunis à Vienne ont décidé de maintenir le plafond de production d'or noir inchangé, a annoncé jeudi le ministre koweïtien du pétrole.

Conséquence directe: les cours ont de nouveau chuté à de nouveaux plus bas depuis 2010. Vers 14h50 GMT, soit peu après l'annonce, le Brent et le WTI ont ainsi dégringolé brutalement, à respectivement 74,36 dollars le baril et 70,87 dollars le baril.

Un déséquilibre grandissant entre production et demande

En cause: un déséquilibre grandissant entre l’offre et la demande mondiale. D'un côté, la production a gonflé avec l'envolée de l'offre américaine de pétrole, grâce à l'exploitation de ressources non conventionnelles comme le pétrole de schiste.

De l'autre, les prévisions d'augmentation de la demande planétaire ont été revues à la baisse ces derniers mois, en raison notamment de l'affaiblissement de la croissance dans des zones de consommation majeures, comme l'Europe et la Chine.

L'Arabie Saoudite fait la sourde oreille

Dès lors, certains producteurs comme l’Iran ou le Venezuela - dont les finances dépendent beaucoup de cette source de revenus - avaient plaidé pour une réduction du plafond de production pour faire remonter les cours.

Mais certains ne l’entendaient pas de cette oreille, notamment l’Arabie Saoudite qui estime que le marché devrait se stabiliser de lui-même. Ce sera donc tout l’enjeu de la réunion entre les ministres des 12 pays membres, qui se tiendra jeudi à Vienne.

Depuis trois ans, le plafond est fixé à 30 millions de barils par jour, soit près du tiers du pétrole brut extrait quotidiennement dans le monde. Mais cette limite est souvent dépassée: en octobre, l’Opep a ainsi produit 30,6 millions de barils par jour, selon les calculs de l’Agence internationale de l’énergie, et 30,3 millions selon les estimations de l’organisation. 

Quelles conséquences pour les automobilistes?

Les effets sur les prix à la pompe ne devraient être que peu visibles. D’abord, car seulement un tiers du prix acquitté par le consommateur final est dépendant du cours du pétrole. Le reste est essentiellement le fait du coût du raffinage, mais surtout des taxes: "60% en ce qui concerne le super, et 52% pour le diesel", rappelle l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

Si le cours évolue de 30%, l’effet sur les prix à la pompe sera donc de 8 à 10% environ. Ce qui a tout de même permis aux automobilistes de gagner "entre 7 et 10 euros par plein en trois mois", selon l’Ufip.

Yann Duvert avec AFP