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Energie

Prix du Gaz: le gouvernement doit ménager GDF Suez

Gérard Mestrallet, le président de GDF Suez, souhaiterait une augmentation du gaz de 5% en juillet.

Gérard Mestrallet, le président de GDF Suez, souhaiterait une augmentation du gaz de 5% en juillet. - -

Le gouvernement a annoncé qu'il allait remettre à plat les prix de l'énergie, en particulier du gaz, pour éviter les trop fortes hausses. Mais il doit en même temps ménager GDF Suez dont il détient 36% du capital et qui lui verse plus de 1 milliard d'euros par an de dividende.   Mise à jour le 11 juillet à 13h50

Mise à jour le 11 juillet à 13 heures 50

Une proposition de loi concernant les tarifs du gaz et de l'électricité sera déposée en septembre par les députés socialistes, vient de déclarer à l'AFP le député PS François Brottes, en charge des questions d'énergie pour le parti. Cette proposition devrait être élaborée en collaboration avec le gouvernement, et donc être adoptée avant la fin de l'année.

Il s'agit pour les socialistes d'atténuer les conséquences de l'augmentation des tarifs rendue indispensable après l'arrêt du Conseil d'Etat de mardi 10 juillet.

Article publié le 11 juillet à 10 heures

La hausse rétroactive du prix du gaz imposée par le Conseil d'Etat sera "lissée" dans le temps, a annoncé Jean-Marc Ayrault, mardi 10 juillet sur France3. Cette hausse de près de 10% s'ajoutera à celle de 2% décidée ces derniers jours par le gouvernement et qui entrera en vigueur le 20 juillet.

Devant le casse-tête des tarifs, le gouvernement va cependant engager une réforme de fond des tarifs de l'énergie, en particulier du gaz. La promesse avait d'ailleurs été faite par le candidat Hollande. L'objectif est de revoir les règles de fixation des prix de vente, actuellement liés au cours du pétrole. Le gouvernement souhaite instaurer des tarifs progressifs en prenant en compte la situation financière et sociale des 11 millions de foyers abonnés au gaz.

Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie et des Finances, l'a expliqué après avoir reçu voici quelques jours Gérard Mestrallet, le président de GDF Suez. Ce dernier souhaitait obtenir une augmentation de 5% en juillet, prétention ramenée ensuite à 4,1%, pour couvrir l'accroissement de ses coûts d'approvisionnement et de distribution. "La distribution du gaz est une des seules activités qui ne soient pas bénéficiaires pour le groupe", a ainsi expliqué Gérard Mestrallet. Le gouvernement n'a finalement accepté que 2%.

L'Etat est le premier actionnaire de GDF Suez

Le gouvernement a évidemment en ligne de mire la question du pouvoir d'achat des Français. Mais il doit aussi ménager les intérêts de l'opérateur historique, GDF Suez. Or, les intérêts de l'entreprise sont aussi un peu les siens. L'Etat détient en effet 36% du capital du premier producteur mondial d'énergie non nucléaire, les institutionnels contrôlant, eux, 40% du capital. En 2011, GDF Suez a versé 1,22 milliard d'euros de dividende à l'Etat, ce qui ne se refuse pas en période de déficits abyssaux...

En imposant des tarifs trop contraints à GDF Suez, le gouvernement handicaperait l'opérateur historique, dont le cours de bourse a d'ailleurs chuté depuis le début de la semaine (passant sous les 18 euros). Mais il prendrait aussi le risque d'obérer les résultats du groupe et donc de voir la participation de GDF Suez au budget de l'Etat baisser.

Patrick Coquidé