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Transports

PSA, la Chine et l'Etat

PSA envisage une augmentation de capital dans laquelle le chinois DengFeng pourrait prendre une part importante.

PSA envisage une augmentation de capital dans laquelle le chinois DengFeng pourrait prendre une part importante. - -

Peugeot perd 100 millions € par mois et va à la faillite si rien ne se passe. Une recapitalisation de 3 milliards d’euros est prévu, souscrite moitié par l’Etat français moitié par une entreprise publique chinoise Dongfeng.

Peugeot envisage une recapitalisation de 3 milliards d'euros. La moitié serait apportée par l'Etat français quand l'autre partie serait d'origine chinoise en provenance du numéro 2 de l'automobile dans l'Empire du Milieu, DongFeng. On s’oriente donc vers une nationalisation de Peugeot par deux Etats, le français et le chinois avec comme issue probable que le contribuable français soit le grand perdant de cette aventure.

L'achat d'une partie de Peugeot par l'Etat français et une entreprise publique chinoise est présenté comme un moyen de sauver Peugeot. C'est donc plutôt une bonne chose.

L’industrie automobile mondiale est en train d’évoluer très rapidement pour une raison simple : il y a 70 autos pour 1000 habitants en Chine pour 600 en Franc et 800 aux Etats-Unis. Le marché d’avenir est donc en Chine et il n’est pas absurde pour une entreprise comme Peugeot de s’associer à des Chinois. Quant à l’intervention de l’Etat –les 3 milliards d’euros de recapitalisation devraient être partagés entre la France et la Chine- on pourrait dire que même les Américains sont intervenus pour renflouer General Motors, pour des montants beaucoup plus importants.

Néanmoins, quand une entreprise en est à dépendre des concours de l’Etat alors que d’autres entreprises du même secteur se redressent, cela est mauvais signe. D’autant que les Chinois affirment nettement que leur intervention n’obéit à une pure logique commerciale. Elle n’a de sens que si Peugeot devient une entreprise chinoise obéissant aux intérêts de ses actionnaires chinois et présentée comme une prise de guerre.

En fin de comptes, le grand risque est que le contribuable français finance le redressement d’une entreprise chinoise. Nous avons financé abondamment la restructuration de la sidérurgie française, qui a fini entre les mains de M Mittal, le même Mittal que notre ministre du Redressement productif insulte abondamment en public !

Est-ce que l'industrie automobile est condamnée en Europe et dans les pays riches ?

On pourrait le penser quand on voit la faillite de Détroit, la ville américaine qui symbolise l’industrie automobile. La réponse est pourtant non. Par exemple, beaucoup de gens il y a 10 ans annonçaient que Fiat allait disparaître. Depuis, grâce notamment à un PDG très efficace qui a senti l’évolution du marché et a modernisé l’appareil de production de l’entreprise, Fiat a redressé la barre et s’est même permis d’acheter Chrysler aux Etats-Unis. Le salut repose sur une combinaison de robotisation de la production- les dernières usines construites aux Etats-Unis qui sont dans le Sud du pays, loin des bassins industriels traditionnels de Detroit et du Michigan sont entièrement automatisées- et d’adaptation de la gamme à la demande.

Quand on voit ce qu’est Dongfeng qui emploie déjà 160 000 personnes et produit dans une logique de production de masse pour le marché chinois émergent, on ne voit pas quel rôle peut jouer Peugeot sauf comme nom prestigieux et comme marque.

Ce qui est surprenant, c’est que Peugeot n’ait trouvé aucun autre partenaire. Cela traduit deux défauts de l’économie française : un manque d’épargne à investir dans notre grands groupes ; une perte de perspective d’innovation chez certains des fleurons de notre industrie.

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|||>> Des chinois au capital de PSA ?

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Jean-Marc Daniel