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Quand Bouygues critiquait Netflix

Les autres fournisseurs d'accès avaient critiqué les conditions léonines de Netflix

Les autres fournisseurs d'accès avaient critiqué les conditions léonines de Netflix - Netflix

Bouygues Telecom a signé un accord pour proposer Netflix sur ses box. Alors que TF1, sa société soeur au sein du groupe Bouygues, avait vivement critiqué l'Américain auparavant...

Netflix a annoncé lundi 15 septembre un accord avec Bouygues Telecom. 

Cet accord constitue une surprise, car le site américain de vidéo à la demande avait jusqu'à présent vertement été critiqué par Bouygues (propriétaire de Bouygues Telecom), et TF1 (société-soeur de Bouygues Telecom).

"Optimisation fiscale exorbitante"

Par exemple, le 24 avril, lors de l'assemblée générale du groupe de BTP, Martin Bouygues avait déploré que TF1 soit en concurrence avec des acteurs "affranchis de toutes obligations".

Plus sévère, le PDG de TF1 Nonce Paolini avait dénoncé dans une lettre au gouvernement le 11 février "des acteurs comme Google, Apple, Netflix, Amazon et Facebook (qui) pratiquent une optimisation fiscale exorbitante".

"Qu'ils nous laissent"

En octobre 2013, Nonce Paolini avait même déclaré lors des rencontres cinématographiques de Dijon au sujet "d'acteurs comme LoveFilm ou Netflix: 'je préférerai qu'ils aillent en Allemagne et qu'ils nous laissent'".

Et le 1er septembre, Olivier Abecassis, directeur général des activités internet de la Une, avait déploré dans Satellinet: "En se basant à Amsterdam, Netflix va contourner les règles (...). Si Netflix peut écraser la concurrence à l'étranger, c'est grâce à son marché national américain, où il a bénéficié du cadre nécessaire à son développement et où il réalise l'essentiel de sa rentabilité. C'est en s'appuyant sur ces acquis-là que Netflix peut s'implanter à l'étranger en contournant les règles de la rentabilité traditionnelle".

Conditions léonines

En revanche, Bouygues Telecom ne s'était pas exprimé sur le sujet, contrairement à Orange ou Free, qui avaient critiqué les conditions proposées par Netflix. En pratique, l'Américain était accusé de ne pas vouloir payer pour l'acheminement du trafic, et de proposer une commission très peu généreuse. Reste donc à savoir si Bouygues Telecom a accepté les conditions léonines de Netflix ou a réussi à obtenir mieux.

Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, avait aussi expliqué vouloir tenir compte de "l'écosystème: les producteurs, les pouvoirs publics, qui ont fixé un certain nombre de conditions". Visiblement, Bouygues a décidé de ne pas tenir compte de l'écosystème...

Interrogé, TF1 a répondu en rappelant d'autres propos tenus par Nonce Paolini dans CB News le 5 septembre: "je dis 'bienvenue à Netflix'. L’arrivée de ce service a un grand avantage, c’est qu’il met en lumière de manière spectaculaire aux pouvoirs publics, au CSA, toutes les contradictions de la réglementation. S’agissant de contenus, Netflix est une offre payante, nous sommes gratuits. Donc, nous ne sommes pas du tout sur le même marché, et nous ne faisons pas le même métier".

Jamal Henni