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Ces entreprises et particuliers qui tentent de déposer les marques #MeToo et #BalanceTonPorc

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Une entreprise américaine a discrètement tenté de s'approprier la marque #MeToo, avant que le bad buzz ne l'oblige à reculer. En France, une femme tente d'obtenir la marque #BalanceTonPorc.

Après l'affaire Weinstein, en octobre dernier, un tsunami de témoignages de femmes sur leur expérience du harcèlement, des agressions sexuelles ou des viols a déferlé sur les réseaux sociaux. Aux États-Unis, ces dernières accompagnaient leur récit du hashtag #MeToo, tandis qu'en France, c'est #BalanceTonPorc qui les ponctuaient.

Face à ces mouvements populaires d'ampleur, la plupart des entreprises ont voulu éviter de donner l'impression qu'elles s'appropriaient le phénomène. D'autres s'en sont saisies pour exposer publiquement leurs idéaux féministes. Une seule a eu la très mauvaise idée de vouloir déposer la marque. Avec bad buzz et reculade à la clé, raconte Quartz ce mardi.

Des dons à une organisation #MeToo... qui n'existe pas

Le fabricant de cosmétiques Hard Candy, distribué par la première chaîne américaine de supermarchés, Walmart, a en effet discrètement demandé l'enregistrement de la marque #MeToo pour des produits de beauté. Mais comme en Europe, aux États-Unis, les demandes de dépôts de marques et de brevets sont consultables par tous. Le site TMZ, qui a eu l'instinct de faire la recherche, a ainsi révélé la demande de Hard Candy mi-janvier.

Face à une avalanche de réactions outrées, la maison-mère de Hard Candy, Falic Fashion Group, a essayé de rectifier le tir. Dans la presse, son PDG a affirmé qu'il prévoyait de faire don des bénéfices de la collection #MeToo à l'organisation #MeToo. Encore raté: le mouvement n'est affilié à aucune organisation ni institution.

Finalement, le groupe a fait machine arrière et retiré sa demande de dépôt de marque. Dans un communiqué, sa direction argue que "la demande de marque pour #MeToo a été déposée avec comme objectif d'accroître la sensibilisation à ce mouvement important et attendu depuis longtemps". Une déclaration qui n'a toujours pas convaincu les internautes. "C'était dégoûtant et louche et Hard Candy le savait" s'insurge ainsi cette utilisatrice de Twitter.

En France, aucune demande pour MeToo n'a été déposée à l'Inpi depuis octobre. Il y a bien eu 15 demandes officielles, mais toutes antérieures à la naissance du mouvement sur les réseaux sociaux.

En revanche, une demande a bien été formulée pour #BalanceTonPorc, par une certaine Heloïse Nahmani. Quand la majorité des demandes de marques concernent une à trois classes de produits, sa requête porte sur une quinzaine de familles d'objets. De la lessive, des jouets, de la dentelle, des tapis et même du matériel scientifique.

L'Institut français des brevets est actuellement en train d'étudier son dossier, et ne communique pas sur la réponse qu'il souhaite lui donner. L'institut aurait la possibilité d'estimer que la large utilisation du hashtag lui retire tout caractère distinctif, condition sine qua none à l'octroi d'une marque. C'est la raison qu'avait donné l'Inpi après les attentats en France pour refuser les nombreuses demandes de dépôt de marque #JeSuisCharlie, #JeSuisParis ou encore #PrayForParis, .

Nina Godart