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Quand l'audace paie pour trouver un job dans le cinéma

Un fan de Die Hard s'est payé une page dans la bible du cinéma américain pour participer à l'écriture du scénario du nouvel épisode. (Ici Bruce Willis et Samuel Lee Jackson dans "Une journée en enfer")

Un fan de Die Hard s'est payé une page dans la bible du cinéma américain pour participer à l'écriture du scénario du nouvel épisode. (Ici Bruce Willis et Samuel Lee Jackson dans "Une journée en enfer") - Die Hard

Un scénariste fan de Die Hard s'est acheté une pleine page de pub dans le Hollywood Reporter pour se vendre à l'équipe qui travaille sur le sixième volet. Dans le cinéma, d'autres tentatives audacieuses ont permis d'attirer l'attention des bonnes personnes et de lancer des carrières.

Pour intégrer un univers professionnel aussi endogame que celui du cinéma, il faut parfois un peu de culot. Eric D. Wilkinson, scénariste free-lance en mal de projet, l'a compris. Fan absolu de la franchise Die Hard, la saga du flic incarné par Bruce Willis depuis 1988, il s'est offert une pleine page du Hollywood Reporter, la bible de l'industrie américaine du cinéma. Une tribune estimée à plusieurs milliers de dollars, payée de sa poche avec, dit-il, "de l'argent qu'il n'a pas vraiment". Il y interpelle l'équipe qui travaille actuellement sur le sixième opus des aventures de l'increvable John McClane.

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Au réalisateur Len Wiseman, au producteur Lorenzo di Bonaventura et à Bruce Willis, il écrit "pour dire que j'aime Die Hard. Laissez-moi répéter… J'AIME DIE HARD"! Et de dérouler le pitch d'un scénario pour le nouveau film. Interviewé par le site Gawker, Wilkinson déclare qu'il adorerait rencontrer l'équipe pour détailler davantage son projet. Mais il estime que ses chances sont "très minces, voire inexistantes". Peut-être devrait-il être plus optimiste. Certaines histoires montrent qu'un brin d'audace couplée à un peu de chance donne parfois des résultats dans ce monde de paillettes.

Carey Mulligan, à droite.
Carey Mulligan, à droite. © Studio Canal

> Soutirer les bons contacts

L'actrice Carey Mulligan compte aujourd'hui parmi les coqueluches d'Hollywood. Mais à ses débuts, l'interprète de Daisy, le premier rôle féminin du blockbuster Gatsby le Magnifique ne connaît personne qui pourrait l'introduire dans ce milieu. Elle profite d'une conférence donnée à son université par l'acteur Julian Fellowes pour lui demander les coordonnées de la directrice de casting Jina Jay, qui participe à préparer le film Orgueil et préjugés. Elle lui envoie alors un courrier directement, alors qu'elle n'a à l'époque aucune référence. C'est ainsi qu'elle décroche son premier petit rôle dans la fresque de Joe Wright à 18 ans.

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- © 20th Century Fox

> Court-circuiter les intermédiaires

Andy Weir est l'auteur du roman qui a inspiré le scénario de Seul sur Mars. Son tout premier roman. Il parvient à être publié, mais son contrat avec l'éditeur ne lui rapporte aucun profit. L'écrivain décide en 2011 de mettre son livre à disposition sur internet. Le succès est fulgurant, si bien qu'il attire l'attention d'autres éditeurs, comme la Crown Publishing Group. En mars 2013, la maison vend les droits pour adapter son oeuvre au cinéma à la 20th Century Fox.

Photo du film "Retour à Cold Moutain"
Photo du film "Retour à Cold Moutain" © © TFM Distribution

> Se rendre utile

L'horticulteur britannique Roger Holden venait de monter son entreprise de paysagiste, et travaillait dans un superbe domaine du Dorchester en 1996, au moment où la demeure a été louée par l'équipe du film Emma, de Diarmuid Lawrence. Pendant le tournage, le jardinier se rend disponible pour aider un membre de l'équipe à habiller de plantes certains décors. Il reste en contact avec le décorateur, qui l'invite à travailler sur son film suivant. Une carrière est lancée: le paysagiste enchaîne avec Gladiator, Retour à Cold Moutain, Kingdom of Heaven, Exodus, etc. Roger Holden s'est fait un nom dans l'industrie du cinéma en réalisant les plus ambitieux décors végétaux jamais créés pour des films. Il dirige aujourd'hui une équipe de sept "jardiniers du cinéma". 

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- © Europacorp

> Frapper à la bonne porte

Julien Jaouen est compositeur de musique. À 35 ans, alors qu'il n'avait participé jusque-là qu'à des projets d'échelle locale, des courts-métrages et des documentaires télé, il frappe directement à la porte d'Europacorp, la société de production de Luc Besson. Alexandre Mahout, le directeur musique du groupe, accepte de le rencontrer. L'entretien se déroule bien, mais se termine par le "classique 'si on a un projet on vous rappelle'", raconte le musicien au Télégramme. Il ne s'attend à rien. Moins de trois mois plus tard, la société le rappelle, et pas avec un petit projet. Il va réaliser la musique de "Bis", une grosse production réalisée par Dominique Farrugia, avec Kad Merad et Frank Dubosc en têtes d'affiche.

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- © © The Walt Disney Company France

> Envoyer des CV par centaines

Avant de décrocher le premier rôle de Cheval de Guerre de Steven Spielberg, le jeune acteur britannique Jeremy Irvine était sur le point d'abandonner. Il venait de passer deux ans à poster ses CV et photos directement dans les boîtes aux lettres de réalisateurs et producteurs, sans succès. En parallèle, il travaille dans un supermarché et suit une formation en webdesign. Ses parents le pressent de trouver un travail. Finalement, il obtient une audition pour le rôle d'Albert, le dresseur du cheval Joey, héros du film. Le casting dure deux mois. Spielberg voit des centaines d'acteurs, principalement novices. Jeremy passera plusieurs fois devant le réalisateur de légende. Il obtiendra le job. Depuis la sortie du film en 2012, il a notamment joué dans Hors de portée avec Michael Douglas.

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco