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Quand la tournée de Dieudonné finance la lutte contre le racisme

Si sa tournée rapporte des dividendes, Dieudonné financera indirectement la lutte contre les discriminations et le racisme.

Si sa tournée rapporte des dividendes, Dieudonné financera indirectement la lutte contre les discriminations et le racisme. - Patrick Kovarik – AFP

Le groupe Fimalac, actionnaire d'un exploitant de salles qui accueillera des dates de la tournée de l'humoriste controversé, reversera les éventuels dividendes à la lutte contre le racisme.

Les entreprises ne veulent pas faire de bénéfices grâce à Dieudonné. Les éventuels dividendes générés par son prochain spectacle seront reversés "à des organisations de lutte contre le racisme et la discrimination". C'est ce qu'a promis ce 15 décembre Vega, l'exploitant de salles qui accueillera une partie de la tournée du polémiste.

Vega avait fait l'objet de vives critiques du Crif, le Conseil représentatif des institutions juives de France. L'organisation s'était dite "choquée" qu'un "acteur majeur" du spectacle mette à la disposition de Dieudonné sept salles, soit 30% des dates" de la tournée de son one-man-show, "la Bête immonde".

Ce spectacle, actuellement donné au théâtre de la Main d'or à Paris, doit tourner en province à partir du 27 décembre et jusqu'en juin 2015. Il passera à Saint-Herblain près de Nantes, Limoges, Toulouse, Metz, Lyon, Rennes ou encore Bordeaux.

Vega n'a pas le choix

Vega a répondu que les Productions de la Plume, producteur du spectacle, détiennent "les autorisations administratives (nécessaires) de la part des autorités publiques". "Tant que cette société possède cette licence, Vega est tenue de respecter les obligations imposées par la loi, sauf à être condamnée par les tribunaux pour refus de vente", précise son communiqué.

Vega assure en outre que les salles qui accueilleront Dieudonné sont détenues par des collectivités locales pour lesquelles elle joue le rôle de délégataire de service public. Dans ces conditions, seul un arrêté préfectoral pourrait interdire la manifestation, comme ce fut le cas fin 2013 avec le précédent spectacle de Dieudonné, "le Mur", affirme-t-elle.

Fimalac veut oeuvrer pour "une société plus harmonieuse"

Vega, qui exploite notamment les Zénith de plusieurs villes de province, est détenu à 70% par la société Fimalac, qui a aussi réagi. Le groupe, qui se dit "extrêmement sensibilisé par ce sujet", a décidé lors de son conseil d'administration du 12 décembre de "reverser la totalité des dividendes provenant de ce spectacle dans les salles qu'elle gère, si toutefois le spectacle était confirmé, à des organisations de lutte contre le racisme et la discrimination", conclut Vega.

Fimalac est un conglomérat présent dans les services financiers (bien qu'il se soit récemment désengagé partiellement de l'agence de notation Fitch), l'hôtellerie, l'internet, le divertissement et l'immobilier. Il a été créé en 1991 par le Français Marc Ladreit de Lacharrière, qui multiplie ce qu'il appelle les "engagements dans la cité". Il a notamment créé une fondation, "Culture et diversité", chargée de promouvoir les talents issus des banlieues. Il assure sur la page web de cette structure vouloir "agir en faveur d'une société plus harmonieuse, en s'engageant dans le champ de la culture et de la solidarité". 

N.G. avec AFP