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Quand le patron de Nestlé se dit "atterré" par Leclerc

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En pleines négociations commerciales et alors que les enseignes multiplient les promos irrésistibles notamment sur le Nutella et le Perrier, le patron de Nestlé tacle la dernière provocation de Leclerc.

Le Nutella a mis le feu aux poudres. Deux semaines après la promo monstre d'Intermarché sur la pâte à tartiner et la cohue qu'elle a occasionnée, la hache de guerre est déterrée entre les industriels et la grande distribution. En pleine période de négociations commerciales sur les prix des produits vendus qui seront vendus en 2018 en rayon, le patron de Nestlé France a fait part de sa consternation sur Twitter.

Interrogé sur le réseau social au sujet d'une campagne de Leclerc qui propose une promo "1 acheté/1 offert" sur des packs de Perrier, Richard Girardot s'est dit atterré par les pratiques de la grande distribution depuis quelques semaines à commencer par celles de Leclerc et d'Intermarché.

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- © Olivier Dauvers

"Ils ont pourtant bien signé la charte d'engagement pour des relations commerciales "respectueuses et apaisées"", s'irrite le patron de Nestlé France.

Avant de détailler dans un billet sur son blog personnel. Selon lui, "Intermarché est tombé dans la provocation, Leclerc a suivi et Intermarché a relancé." Car pour Richard Girardot, le Nutella n'est que l'arbre qui cacherait une forêt de promotions qui nuiraient à toute la filière.

"Je m’étonne qu’on s’indigne des cohues provoquées par une promotion de 70% sur un pot de Nutella alors que personne ne s’émeut que l’on trouve des épaules de porc à 1,49 euro le kilo chez Intermarché ou même à 1,28 euro chez Leclerc? C’est sans doute ce que M. Leclerc appelle "redonner de la valeur aux produits agricoles" tout en aidant les producteurs de porc qui "bradent" les kilos de porc en surstock!", ironise le patron de Nestlé France.

Alors qu'après les États généraux de l'alimentation, industriels et distributeurs ont signé une charte de bonnes pratiques s'engageant notamment à "la création de valeur et équitable répartition et au paiement de prix justes aux agriculteurs", certaines enseignes semblent parties dans une surenchère promotionnelle et ce alors qu'une loi devrait bientôt limiter les promotions à 34% de la valeur des produits.

"La forêt de la réalité cachée par un arbrisseau de vertu"

"Aujourd’hui, entre promotions folles et négociations délirantes, la guerre des prix s’enflamme dans la crainte qu’une loi vienne bientôt siffler la fin de la récréation!", explique Richard Girardot. 

Et les quelques exemples de tentative de valorisation par les enseignes comme Leclerc avec sa future marque L'Origine du goût ne seraient que poudre aux yeux selon le patron de Nestlé:

"Depuis 4 ans, que les prix des matières premières augmentent ou diminuent, les prix de vente aux enseignes sont à la baisse. Et le fait pour les distributeurs de sortir du chapeau quelques rares exceptions en espérant cacher la forêt de la réalité par un arbrisseau de vertu n’y change rien. La guerre des prix perdure en dépit des chartes signées ou lois à venir."

Pour rappel, cela fait trois ans maintenant que le patron de Nestlé France s'en prend publiquement aux enseignes de grande distribution durant les périodes de négociation. Et principalement à Leclerc accusé de délocaliser les négociations via sa centrale d'achat bruxelloise qui lui permettrait selon Nestlé de contourner la loi française. Selon RMC, cette pratique est d'ailleurs dans le collimateur de la DGCCRF qui a ouvert une enquête.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco