BFM Business
BTP

Le quartier de la Défense au bord du gouffre

La Cour des comptes déplore "le parti pris d’’optimisme " sur la rentabilité  escomptée des opérations commerciales à venir.

La Cour des comptes déplore "le parti pris d’’optimisme " sur la rentabilité escomptée des opérations commerciales à venir. - -

La Cour des comptes dénonce l’équilibre précaire des comptes de l’Epadesa qui doit faire face à la baisse des prix immobiliers, tout en devant payer les rénovations coûteuses des équipements du quartier d’affaires.

Même si les façades vitrées de ses tours ne laissent rien paraître, le quartier de la Défense est en train de se fissurer. La Cour des comptes, dans un pré-rapport obtenu par Le Monde et le Canard enchaîné, dénonce les dérives de gestion de l’établissement public d’aménagement de la Défense Seine Arches (Epadesa, qui a remplacé l’Epad en 2010). Même si elle salue les efforts d’assainissement, elle met en doute sa fiabilité financière.

L’établissement fait les frais d’une mauvaise conjoncture du secteur immobilier. Or, la Cour des comptes déplore "le parti pris d’optimisme" sur la rentabilité escomptée des opérations commerciales à venir. Les finances de l’Epadesa sont alimentées par la vente des droits à construire sur un secteur de 564 hectares, à cheval sur les communes de Courbevoie, Nanterre et Puteaux.

Face à la raréfaction des investisseurs, l’établissement a dû revoir à la baisse ses tarifs: ils sont passés de 2300 euros le m2 en 2007, à 1700 euros en 2012.

Et les espaces encore vacants nécessitent de lourdes contraintes d’aménagements, comme la construction de bâtiments à pilotis afin d’enjamber les axes routiers. Or c’est l’Epadesa qui en supporte les coûts.

Une prise en charge coûteuse de la rénovation des équipements

Dans le même temps, l’établissement public doit régler les factures d’entretien et de rénovation que lui présente Defacto, l’établissement qui gère les espaces publics et les équipements du site. Celui-ci devait clarifier les responsabilités entre l’Etat et les collectivités territoriales. Mais au final "les arbitrages rendus en 2008 ont un effet contraire pour de nombreuses années", regrette la Cour des comptes.

C’est ainsi que l’Epadesa doit prendre en charge les investissements pour la mise aux normes des équipements, très dégradés faute d’entretien. Ainsi la rénovation de la "dalle" qui compose le parvis est estimé à 120 millions. A cela s’ajoute la réfection des tunnels (150 millions) et des parkings (60 millions). Une participation accrue des collectivités territoriales semble être la seule issue.

L’Epadesa a réagi à la publication de ce pré-rapport. L’établissement a indiqué, dans un communiqué, rédiger actuellement une réponse, comme le veut la procédure au "relevé de constatations provisoires qui sera remise à la Cour des Comptes le 25 octobre 2012". Et de rappeler qu'aucun commentaire ne peut se faire avant la publication du rapport définitif de la Cour des comptes.

Coralie Cathelinais