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Qui est Sébastien Soriano, le nouveau gendarme des télécoms?

"C'est un adepte des coups de billard à trois bandes", dit de lui un opérateur.

"C'est un adepte des coups de billard à trois bandes", dit de lui un opérateur. - Eric Piermont AFP

Le nouveau président de l'Arcep est un proche de Fleur Pellerin et Pierre Moscovici. Jeune (39 ans), fin politique, il connaît parfaitement les télécoms, mais reste prudent dans ses premières déclarations.

Pour l'instant, Sébastien Soriano vit un état de grâce. Le nouveau président de l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), qui présente ses voeux ce mercredi 28 janvier, suscite quasiment l'unanimité.

D'abord, le secteur est soulagé d'avoir échappé à nouveau un grand commis de l'Etat ne connaissant rien aux télécoms. En effet, Sébastien Soriano maîtrise incontestablement le sujet: c'est un diplômé de Télécoms Paris. Il a ensuite travaillé dans les services de l'Arcep sur le téléphone mobile, puis sur la fibre optique. Et il a aussi travaillé comme rapporteur à l'Autorité de la concurrence sur plusieurs dossiers télécoms: mobiles, trafic Internet...

Colérique et arrogant

Ensuite, Sébastien Soriano succède à Jean-Ludovic Silicani, un gendarme des télécoms unanimement détesté pour son caractère colérique et arrogant. Sur le fond, la politique plutôt pro-concurrentielle du président sortant était aussi abhorrée des trois opérateurs mobiles historiques Orange, SFR et Bouygues.

Sébastien Soriano poursuivra-t-il cette politique? Difficile à prédire. En effet, les premières déclarations du nouveau gendarme restent prudentes.

Père spirituel

Certes, un de ses pères spirituels est le gendarme de la concurrence Bruno Lasserre, qui ne tarit pas d'éloges sur lui: "fin, intrépide, qui n'a pas froid aux yeux, s'investit à fond, et ne se laisse jamais embobiner", a déclaré le président de l'Autorité de la concurrence au Monde.

Mais on se souvient aussi, que lorsqu'il était le directeur de cabinet de Fleur Pellerin au ministère de l'économie numérique, il ménageait plutôt les opérateurs historiques.

Ambitieux et fin politique

Enfin, et non des moindres, Sébastien Soriano est moins lisse et moins influençable que son jeune âge (39 ans) pourrait le laisser espérer aux opérateurs. Ce fils d'une magistrate et d'un psychanalyste d'origine péruvienne est décrit comme un ambitieux et un fin politique: "c'est un adepte des coups de billards à trois bandes. Il est difficile de savoir ce qu'il pense vraiment", dit un opérateur.

Politiquement, son coeur a toujours penché à gauche, tendance social-démocrate. Un de ses amis proches est Benoît Thieulin, qui, en 2007, était chargé de la campagne internet de Ségolène Royal. Puis, mi-2010, Sébastien Soriano est allé proposer ses services à Pierre Moscovici, qu'il admirait. Il intègre ensuite le pôle numérique de l'équipe de campagne de François Hollande. Ce pôle est dirigé par Fleur Pellerin, qu'il suivra ensuite dans tous ses postes ministériels. A Bercy, quand le cabinet Pellerin se retrouve divisé entre pro-Montebourg et pro-Moscovici sur certains sujets, Sébastien Soriano choisit alors la ligne la plus libérale.

Puis, Arnaud Montebourg obtient la tête de Fleur Pellerin, qui est exilée au Commerce extérieur, puis rebondit à la Culture. A chaque fois, Sébastien Soriano la suit, non plus comme directeur de cabinet, mais plus modestement comme conseiller spécial. Rue de Valois, il était notamment chargé du dossier de la presse.

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Jamal Henni