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Twitter tente l'aventure de la Bourse

Le quartier général de Twitter, à San Francisco.

Le quartier général de Twitter, à San Francisco. - -

Le réseau social s'introduit sur le New York Stock Exchange ce jeudi 7 novembre. Le groupe est-il correctement valorisé? Que penser de son business model? Qui va devenir riche?

C'est l'évènement du jour sur les marchés américains. Twitter, le réseau social de microblogging, va s'introduire sur le New York Stock Exchange ce jeudi 7 novembre. Le point sur cette introduction en trois questions.

> Faut-il se laisser gagner par l'effervescence autour de l'évènement ?

Il faut ramener les choses à leur juste proportion. Le paradoxe se situe dans la disproportion entre l'attention médiatique que suscite Twitter, et sa réalité économique. Le réseau social est plus connu que la plupart des multinationales, alors que son chiffre d'affaires est celui d'une grosse PME.

Il réalise 300 millions de dollars de chiffre d'affaires, soit le niveau d'un gros site de e-commerce français. LDLC, qui vend du matériel informatique sur Twitter, et dont le patron était sur BFM Business mercredi, a le même objectif de chiffre d'affaires.

Twitter ne gagne pas d'argent aujourd'hui. En 2012, il a perdu 80 millions de dollars, et même 134 millions depuis début 2013. Rien d'anormal pour une entreprise jeune, qui investit énormément. Mais le fait est qu'elle n'est pas encore rentable.

Le site à l'oiseau bleu a beau être le chouchou des internautes actuellement, il existe un risque de ringardisation, encore plus prégnant sur les groupes internet. Twitter peut devenir obsolète demain.

> Faut-il miser sur Twitter en Bourse?

La valorisation du groupe, dont le titre sera vendu à 27 euros, équivaut à trente fois ses revenus de 2012. Un chiffre encore plus démesuré que pour Facebook, valorisé au moment de son IPO 22 fois ses revenus. Et on se rappelle le flop de sa première journée de cotation.

En somme, enthousiasmons-nous, mais ne nous enflammons pas. Il faut voir Twitter comme un potentiel, un terrain à défricher, une mine d'or encore très peu exploitée. Pas de problème du côté du nombre d'utilisateurs, considérable, avec 230 millions de twittos actifs par mois, selon le groupe. Plus d'un demi milliards de tweets envoyés chaque jour: le volume est là également.

En revanche, au niveau du modèle économique, de la monétisation de l'audience, le site en est aux balbutiements. Il y a bien les "tweets sponsorisés", ces messages publicitaires qui apparaissent, encore très discrètement pour le moment, dans les fils d'actualité.

L'équilibre va d'ailleurs être difficile à trouver, un trop grand nombre de "tweets sponsorisés" pouvant faire fuir des utilisateurs les jugeant trop intrusifs. C'est l'écueil auquel est confronté Facebook aujourd'hui.

Un bon point est à reconnaître à Twitter: le réseau de miccroblogging fait déjà les deux tiers de son chiffre d'affaires sur le mobile. Un support sur lequel Facebook était au contraire à la traîne au moment de son introduction en Bourse.

> Qui va gagner quoi grâce à l'IPO?

Les détenteurs actuels de parts de Twitter pourraient devenir milliardaires dans la journée. Au moins un, Ev Williams, un des quatre co-fondateurs du groupe qui avait mis un peu plus d'argent que ses partenaires au début de l'aventure, et qui détient aujourd'hui 10% des parts. En valorisation théorique, il devrait récupérer 1,5 milliard de dollars. Jack Dorsey de son côté, qui est encore président du groupe, va empocher 600 millions de dollars. Dick Costolo, actuel PDG du site, glanera 200 millions.

Rendons hommage à un des co-fondateurs qui, lui, ne va pas devenir riche aujourd'hui. C'est le co-fondateur oublié, Noah Glass, qui a notamment trouvé le nom de Twitter, en parcourant le dictionnaire. Il a été évincé en raison de désaccords, mais n'est pas mauvais perdant puisqu'il souhaite aujourd'hui, via son compte Twitter, bonne chance à l'équipe.

Le titre de l'encadré ici

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Twitter en chiffres:

> 27 euros: mise à prix de l'action

> 70 millions de titres

> 14 milliards de dollars de valorisation

> 230 millions d'usagers actifs par mois

> 500 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2013

> Un demi-milliard de tweets par jour

> 76% d'usagers sur mobile

> 77% de twittos hors des Etats-Unis

> 3/4 des revenus récoltés aux Etats-Unis

Anthony Morel