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Rachat de Darty: même seule, la Fnac s'en sortirait

L'offensive de Conforama sur Darty pourrait freiner les ambitions du groupe Fnac, mais elle ne remettra pas en cause le développement du groupe.

Mariage annulé entre Darty et la Fnac? C’est en tout cas un scénario qui pourrait se dessiner après l’officialisation d’une offre de Conforama (vendu par l'ex-PPR au sud-africain Steinhoff en 2011) sur le distributeur de biens électroménagers. Cette opération "conditionnelle", lancée par le spécialiste des meubles, s’élèverait à 125 pence par action et serait payée intégralement en numéraire. 

Une proposition supérieure à celle de la Fnac, qui proposait l’échange d’une de ses actions contre 37 de celles de Darty avec en supplément une alternative partielle en numéraire pouvant atteindre un maximum de 95 millions d’euros. Une opération qui valorisait la société basée à Londres à 860 millions d’euros, soit… 116 pence par action.

Darty précise toutefois "qu'il n’y a aucune certitude à ce stade qu’une offre ferme sera faite par Conforama, ni sur les termes dans lesquels elle pourrait être faite" et indique que son conseil d'administration "publiera le cas échéant une nouvelle communication".

Des synergies moins évidentes avec Conforama…

À première vue, les synergies entre les deux entreprises ne sautent pas aux yeux. D’autant plus quand on sait que la valeur de cette opération réside dans la capacité des deux groupes à diminuer leurs coûts d’achat afin d’augmenter leurs marges.

Or, quand on observe en détail l'activité de Conforama, on s'aperçoit que les ventes de meubles - des produits qui ne sont pas vendus par Darty - représentent 62% du chiffre d’affaires de l’enseigne, qui a généré 2,3 milliards de revenus en 2014. Un chiffre trop élevé qui ne permettra pas de substantielles économies comme le confirme Natixis: "Les deux acteurs, qui continueront à être sous pression, n’auront pas les moyens et la taille nécessaires pour diminuer les coûts d’achat de leurs marchandises."

… qu’avec le Groupe Fnac

Toute le contraire de la Fnac qui, dans un rapport commandé en novembre dernier dans le cadre de l’opération, avait indiqué que "le rapprochement se traduirait par un bénéfice financier significatif pour l’entité combinée" et "par des synergies (avant impôts) d’au moins 85 millions d’euros par an".

Un montant qui tient compte des synergies d’achat sur les segments des produits bruns (appareils audio, vidéo, téléviseurs), des produits gris (téléphones, tablettes, ordinateurs) et des produits blancs (petit électro-ménager), sur lesquels Fnac et Darty sont tous les deux présents.

Mais surtout, ce rapprochement permettrait une meilleure protection face aux acteurs purement internet. "La stratégie omnicanal de groupe Fnac est une bonne alternative aux acteurs purement internet", souligne Natixis dans une note. Rappelant qu’Amazon cherche en sens inverse à renforcer son offre omnicanal en testant l’ouverture de son premier magasin physique à Seattle.

Même seul, la Fnac s’en sortirait

Et si Conforama remportait la mise, la Fnac pourrait-elle se développer seule? Pour la banque d’investissement de BPCE, "si l’opération ne va pas à son terme, cela prendrait plus de temps à Fnac pour augmenter sa présence géographique", mais elle resterait tout de même bien placée "pour augmenter le trafic dans les magasins et ses marges."

Sur ce dernier point, l'analyste estime que le groupe présidé par Alexandre Bompard est capable de faire progresser sa marge opérationnelle à 3% (contre 2,2% actuellement). Un moindre mal quand on sait que l'objectif initial de ce nouvel ensemble, qui devait peser 7,5 milliards en termes de chiffre d’affaires, était de réaliser une marge opérationnelle proche de 4% à long terme.

Sami Bouzid