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Rachat de WhatsApp: Bruxelles sanctionne Facebook

La Commission considère que les infractions de Facebook sont graves puisqu'elles l'ont empêchée de disposer de toutes les informations nécessaires à l'accomplissement de sa tâche.

La Commission considère que les infractions de Facebook sont graves puisqu'elles l'ont empêchée de disposer de toutes les informations nécessaires à l'accomplissement de sa tâche. - Thierry Charlier-AFP

La Commission européenne a infligé 110 millions d'euros d'amende à Facebook pour avoir fourni des informations inexactes lors de l'enquête de l'UE concernant son rachat de l'application mobile WhatsApp. C'est la première amende de ce genre jamais infligée à une entreprise.

Facebook a été sanctionné par la Commission européenne. Celle-ci lui a infligé une lourde amende de 110 millions d'euros pour avoir fourni des renseignements inexacts pendant l'enquête de l'UE concernant son rachat de l'application mobile WhatsApp pour 22 milliards de dollars en 2014.

C'est la première fois que la Commission adopte une décision infligeant une amende à une entreprise pour la fourniture d'un renseignement inexact ou dénaturé depuis l'entrée en vigueur du règlement sur les concentrations de 2004. Cette décision ne remet toutefois pas en cause la décision de la Commission d'octobre 2014 d'autoriser la rachat de WhatsApp

Pour Bruxelles, l'amende est "proportionnée et dissuasive"

"La décision d'aujourd'hui envoie un signal fort aux entreprises, montrant qu'elles doivent respecter tous les aspects du règlement de l'UE sur les concentrations, y compris l'obligation de fournir des informations exactes. Et elle impose à Facebook une amende proportionnée et dissuasive. La Commission doit être en mesure de prendre des décisions en pleine connaissance de cause" a commenté Margrethe Vestager, commissaire chargée de la politique de concurrence qui s'explique aussi dans un tweet (cf ci-dessous).

"Lorsque Facebook a notifié l'acquisition de WhatsApp en 2014, la société a informé la Commission qu'elle ne serait pas en mesure d'établir d'une manière fiable la mise en correspondance automatisée entre les comptes d'utilisateurs de Facebook et ceux de WhatsApp. Elle l'a indiqué à la fois dans le formulaire de notification et dans une réponse à une demande de renseignements de la Commission" expliquent les autorités de Bruxelles.

"Or, en août 2016, WhatsApp a annoncé des mises à jour de ses conditions générales d'utilisation et de sa politique de confidentialité, y compris la possibilité d'associer les numéros de téléphone des utilisateurs de WhatsApp aux profils d'utilisateurs de Facebook" argumente la Commission.

Pour Bruxelles, Facebook a commis deux infractions distinctes en fournissant un renseignement inexact et dénaturé d'une part, dans le formulaire de notification de la concentration et d'autre part, dans la réponse à une demande de renseignements de la Commission. La Commission considère que ces infractions sont graves puisqu'elles l'ont empêchée de disposer de toutes les informations nécessaires à l'accomplissement de sa tâche liée à l'appréciation de l'opération.

La réaction plutôt mesurée de Facebook

Facebook a aussitôt réagi: "Nous avons agi de bonne foi depuis nos premières rencontres avec la Commission européenne et nous avons cherché à fournir des informations exactes à chaque fois". "L'erreur que nous avons faite dans les documents fournis en 2014 n'était pas intentionnelle et la Commission a confirmé que cela n'a pas eu d'impact sur le résultat de l'examen de la fusion", a dit un porte-parole de Facebook, Aled Williams.

Cette amende intervient alors qu'en France, la CNIL vient d'infliger à Facebook une sanction pécuniaire de 150.000 euros pour "de nombreux manquements à la loi Informatique et Libertés" dans sa gestion des données des utilisateurs.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco