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Le rachat de Sud Radio crée un casse-tête pour le CSA

L'acquéreur de Sud Radio s'est lancé dans une violente campagne contre le CSA

L'acquéreur de Sud Radio s'est lancé dans une violente campagne contre le CSA - -

Le gendarme de l'audiovisuel serait réticent au rachat de la radio par le groupe Fiducial de Christian Latouche. Mais il dispose de peu de moyens juridiques de s'y opposer.

Deux mois après être entré en négociations exclusives, le groupe d'expertise comptable Fiducial a signé jeudi 27 juin un accord pour le rachat de Sud Radio, a indiqué Satellifax.

Pour qu'il devienne définitif, il reste à obtenir le feu vert du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), qui a deux mois pour se prononcer.

Selon plusieurs juristes interrogés, le gendarme de l'audiovisuel devrait -sauf surprise- donner son feu vert à l'opération.

Surface financière

En effet, le CSA n'a guère de base légale pour opposer son veto. Certes, les textes et la jurisprudence lui permettent de dire non dans deux cas, mais aucun ne s'applique en l'espèce.

Primo, le CSA peut refuser un rachat si l'acquéreur n'a pas la surface financière suffisante. Or tel n'est pas le cas: Fiducial revendique un chiffre d'affaires de 1,5 milliard de dollars en 2012.

Secundo, le CSA peut dire non si l'acquéreur veut changer le format de la chaîne. En l'espèce, Fiducial assure vouloir respecter le format d'origine.

"Lors d'un rachat, le CSA a finalement très peu de marges de manoeuvre, bien moins que lors d'un appel à candidatures, ou que lors d'une reprise après dépôt de bilan", résume un expert.

Interrogé, le conseiller du CSA en charge du dossier, Patrice Gélinet, indique: "nous avons reçu la demande de Fiducial vendredi. Fiducial y indique vouloir respecter la convention d'émettre, mais envisage des modifications à venir de cette convention. Nous allons donc leur demander des précisions sur ce point, comme nous le faisons dans tout rachat. Ce dossier va être traité comme tous les autres, en suivant la procédure habituelle".

Violente campagne

Pourtant, le gendarme de l'audiovisuel serait, selon des sources concordantes, assez réticent face à ce rachat, et pour plusieurs raisons. D'abord, les idées politiques très à droite de Christian Latouche, PDG fondateur de Fiducial. Il avait par exemple participé en 2003 à l’université du Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret, en tant qu’intervenant extérieur, raconte Rue 89.

Ensuite, Fiducial s'est lancé ces derniers mois dans une violente campagne contre le CSA, via son journal Lyon Capitale, comme l'ont relevé Les Echos.

Précisément, sa fureur remonte à l'appel à candidatures pour 6 chaînes TNT mené par le CSA en 2012. Fiducial avait alors postulé pour une chaîne baptisée D Facto, et affirme même avoir reçu un accueil favorable de deux conseillers de Nicolas Sarkozy, Camille Pascal et Patrick Buisson. "En ce qui nous concerne, nous étions censés représenter, pour le pouvoir de droite, la solution de repli", écrit Didier Maïsto, responsable des activités médias de Fiducial et notamment PDG de Lyon Capitale.

"Copinage, sexe et argent"

Mais le projet ne sera finalement pas retenu par le CSA. "Les dés étaient pipés d'entrée", accuse Lyon Capitale. Le journal brocarde Michel Boyon, président du CSA à l'époque, carricaturé avec une pancarte autour du cou où est inscrit: "Papamadit".

Mais Lyon Capitale s'attaque aussi au nouveau président du CSA, Olivier Schrameck: "la nomination d’un haut fonctionnaire ouvertement politique à la tête du CSA est passée comme une lettre à la poste au tarif lent, tant il est vrai que ce partisan d’un bord ne fait que se substituer à son alter ego de l’autre bord, dans un principe d’alternance bien compris".

Enfin, dans la série d'articles et de vidéos mis en ligne, le CSA est aussi rebaptisé "Copinage, Sexe et Argent". Les articles brocardent aussi les six chaînes TNT finalement retenues, dont RMC Découverte, qui appartient au même groupe que ce site web.

Mais au CSA, Patrice Gélinet assure: "le CSA n'est pas réticent vis-à-vis de cet acquéreur plutôt qu'un autre. Quant aux articles de Lyon Capitale, ils sont tellement outranciers et ridicules qu'ils nous laissent indifférents". Interrogé sur les opinions politiques de Christian Latouche, Patrice Gélinet répond: "nous ne les connaissons pas, et cela ne rentre pas en ligne de compte".

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Jamal Henni