Renault-Nissan dans le rétroviseur de GM, Toyota et Volkswagen
Le Game of Ghosn qui consiste, selon les termes du professeur en stratégie Frédéric Fréry, à redessiner la carte du paysage automobile mondial se dévoile un peu plus. En à peine plus de deux décennies, une performance dans cette industrie, le bouillonnant patron de l’alliance Renault-Nissan a réalisé un tour de force auquel personne ne croyait vraiment, en tous cas en France.
Avec Mitsubishi, dans lequel Nissan a injecté 1,9 milliard de d'euros pour prendre 34% du capital, le groupe représente désormais presque autant que les trois géants mondiaux que sont Toyota, Volkswagen et General Motors (GM). En 2015, l’alliance Renault-Nissan a vendu 8,53 millions de véhicules auxquels s’ajoutent les ventes du russe Avtovaz (305.000) ainsi que le million de Mitsubishi Motors, soit 9,5 millions. Le groupe talonne ainsi GM (9,8 millions), Volkswagen (9,93 millions) et Toyota (10,15 millions).
"Actuellement ce cumul est un peu prématuré, mais à terme, lorsque l’affaire sera définitivement signée, on pourra le faire, indique Bernard Jullien, directeur du réseau international Gerpisa. La stratégie est délicate, car pour grossir, le groupe doit positionner chaque marque sur des marchés différents. Mais l’avantage, en plus des possibilités de rationalisation industrielle, est sa force technologique et sa capacité à aller sur des territoires à forte croissance d’un bout à l’autre de la planète."
Atteindre 10 millions de véhicules vendus en 2016
En 2016, les retombées de l’affaire Volkswagen pourraient encore arranger l’alliance Renault-Nissan. L’an dernier, les ventes du groupe allemand ont exceptionnellement chuté de 2% le faisant passer sous la barre des 10 millions. La stratégie menée par Carlos Ghosn va-t-elle lui permettre de dépasser les 10 millions de ventes en 2016 et de monter sur le podium cette année grâce à la tricherie de son concurrent allemand? C’est la question qui taraude désormais l’ensemble de la profession.
Pour Bernard Jullien, rien n’est encore gagné. "Pour 2016, je n’y crois pas car Ghosn va d’abord devoir faire le ménage chez Mitsubishi qui est à la fois un constructeur et un équipementier. S’il monte sur ce podium, ce ne sera pas avant 2018, mais est-ce la stratégie du groupe? Carlos Ghosn semble vouloir devenir un champion national dans sept à huit pays, plutôt qu'être numéro un mondial."
Et pour cela, le levier pourrait être la sortie de crise des pays d’Europe du Sud. "Ces marchés privilégient des marques comme Renault, Peugeot, Citroën, Opel ou Ford au détriment des constructeurs allemands haut de gamme. Ils peuvent permettre à l’alliance Renault-Nissan de prendre des points sur Volkswagen".
Aider Mitsubishi à "rétablir" sa réputation
Tous les signaux semblent au vert pour Renault-Nissan. Reste encore un point qui pourrait remettre en cause le projet. Dès le lendemain de l’annonce, Carlos Ghosn s’est montré plus prudent que la veille. La raison: des manipulations de données par Mitsubishi Motors dévoilées fin avril sur quatre modèles afin d’embellir leurs performances énergétiques. "Oui, c'est un problème grave, la confiance est rompue", a reconnu Carlos Ghosn ce vendredi lors d'une table ronde avec des journalistes au siège de l'entreprise à Yokohama. "Le plus grand défi maintenant est de les aider à rétablir leur réputation".
Et si le dirigeant estime que le défi est trop dur à gagner, il n’hésitera pas à avancer que son entrée au capital du japonais pourrait être remise en cause. "Nous avons à ce stade un accord de principe, la transaction ne sera bouclée qu'après les vérifications nécessaires", a-t-il déclaré. "Quand nous conclurons l'opération, nous saurons exactement à quoi nous en tenir. Il est clair que s'il devait se produire une implosion, nous ne signerions pas". Info ou intox? Lui seul le sait.
L’hommage de la Renault Kwid à Ayrton Senna
Renault vient d’annoncer que la Kwid serait produite au Brésil sur le complexe Ayrton Senna de São José dos Pinhais, dans l’état de Paraná. Cette version sud-américaine a été adaptée pour ce marché par Renault Technology Americas (RTA) installé sur le site industriel brésilien. Cette unité a été appuyée par Renault Design America Latina (RDLA), l’un des cinq centres stratégiques de conception de la marque, établi à São Paulo.