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Transports

RER, Transilien, métro: la "guerre à la fraude" est lancée

La nouvelle campagne contre la fraude dans les transports franciliens a été conçue par Havas.

La nouvelle campagne contre la fraude dans les transports franciliens a été conçue par Havas. - Région IDF

Une nouvelle campagne de sensibilisation qualifiée de "démoniaque" a été dévoilée ce mardi. Elle sera déployée dans les transports en commun franciliens. Quant aux sanctions envers les fraudeurs, elles vont être accrues.

"Fraudeurs, pour vous les règles ont changé": dans les transports en commun franciliens, la "guerre à la fraude" est déclarée, et une nouvelle campagne de communication "démoniaque", dévoilée ce mardi 20 septembre, met en garde les contrevenants. S'ils sont contrôlés, l'amende sera plus salée. Il faut dire que l'incivisme d'une partie des usagers est très préjudiciable. La fraude dans les transports d'Ile-de-France est évaluée par la Cour des Comptes à 366 millions par an.

La campagne de pub réalisée par l'agence Havas Paris est composée de trois visuels similaires: Sur une affiche, un jeune homme porte sur son épaule une créature démoniaque qui l'incite à la fraude, un encart prévient "la fraude répétée, c'est maintenant jusqu'à 6 mois de prison et 7.500 euros".

"Et si tu te fais contrôler? Bim, tu cours très vite", dit une autre créature. "Dans les transports, fuir lors d'un contrôle, c'est maintenant jusqu'à 2 mois de prison et 7.500 euros d'amende", avertit l'affiche.

La campagne est lancée pour la première fois par la Région Ile-de-France, la SNCF, la RATP et le syndicat des transports en commun d'IDF (Stif), "pour déclarer la guerre à la fraude", a martelé Valérie Pécresse, présidente de la région et du Stif, lors d'une conférence de presse.

L'objectif: "créer un électrochoc" et "changer l'idée qu'on peut frauder en toute impunité", a ajouté la cheffe de l'exécutif régional. La loi Savary sur les transports, adoptée en mars, a "donné beaucoup plus de moyens coercitifs" contre les fraudeurs, qui devront désormais justifier de leur identité en cas de contrôle, et pourront à défaut, être retenus pendant 4 heures, a-t-elle rappelé. "La sanction la plus pénalisante pour quelqu'un qui se déplace, c'est le bloquer", affirme Valérie Pécresse.

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La nouvelle loi interdit aussi les "mutuelles de fraudeurs" (des systèmes permettant aux fraudeurs de voir leur amende acquittée via cette combine, contre le versement de quelques euros par mois) et abaisse de dix à cinq infractions le délit de fraude répétée.

Elle sanctionne également plus durement les usagers contrôlés qui donnent une fausse adresse ou une fausse identité (2 mois d'emprisonnement et 3.750 d'amende), un délit qui entraine des taux de recouvrement "faibles", selon Mme Pécresse.

L'ancienne ministre du Budget a assigné des objectifs "très concrets" d'augmentation de ces recouvrements. Il s'agit désormais pour la RATP de récupérer auprès des fraudeurs 20 millions d'euros supplémentaires, et, pour la SNCF, 10 millions d'euros. Pour l'opérateur, la fraude représente "171 millions d'euros de pertes théoriques de recettes", et 1,45 million d'infractions comptabilisées (dont 36% payées immédiatement, rapportant 20 millions), et près de 925.000 PV dressés (avec un taux de recouvrement de 15%, rapportant 7 millions d'euros).

Pour la SNCF-Transilien, "le manque à gagner est de 63 millions par an", soit "l'équivalent de six trains neufs par an", a précisé son directeur général Alain Krakovitch, qui veut "éradiquer le phénomène du "saut-de-mouton" (saut par-dessus le portique, ndlr), qui est une souffrance pour les usagers et les agents".

Sur trois millions de voyageurs, 220.000 usagers sont en infraction chaque jour, a-t-il ajouté. En 2015, 510.000 infractions ont été relevées, avec 174.000 encaissements immédiats (34%), et 336.000 PV émis (et un taux de recouvrement de 12,6%), rapportant au total 9 millions d'euros.

Pour Alain Krakovitch, la campagne s'adresse "aux fraudeurs occasionnels" et "calculateurs" pour leur expliquer "qu'ils prennent un risque extrêmement fort" et "que le calcul n'est plus le même".

N.G. avec AFP