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Résultats décevants pour la salle de cinéma de Luc Besson

Luc Besson tente -mais en vain- de vendre plus cher ses places.

Luc Besson tente -mais en vain- de vendre plus cher ses places. - -

Neuf mois après son inauguration, le réalisateur peine à remplir son multiplex près de Roissy. Moins de 1% des fauteuils sont occupés lors des séances...

Le 16 octobre, Luc Besson inaugurait en grande pompe sa première salle de cinéma, dans le centre commercial d'Aéroville, près de Roissy.

Neuf mois après, sa société EuropaCorp reste plus que discrète sur les performances de ce multiplex. Le sujet n'a quasiment pas été abordé lors de la présentation des résultats du studio le 27 juin. Et interrogé à de multiples reprises depuis un mois, EuropaCorp n'a jamais voulu indiquer le nombre de tickets vendus.

Toutefois, après enquête, le nombre d'entrées arrêté au 3 juillet s'élève à 279.536, soit en moyenne 1.200 entrées par jour.

Le spectateur se sent bien seul...

Même si le multiplex attire chaque jour un peu plus de spectateurs, ce résultat apparaît décevant par rapport à ses capacités: 2.400 fauteuils et 72 séances par jour. En clair, cela signifie que moins de 1% des sièges sont occupés à chaque séance, où les spectateurs doivent donc se sentir bien seuls...

Et, à ce niveau, le multiplex n'est pas rentable. En effet, EuropaCorp a chiffré l'équilibre d'exploitation à 700.000 entrées par an, soit 1.920 entrées par jour. Toutefois, cet équilibre n'est visé qu'"à compter de la deuxième année suivant le début de l'exploitation". Ce qui laisse donc un peu de temps pour y arriver...

...et ne dépense pas plus qu'ailleurs

A cela s'ajoute une autre déception, concernant la recette par spectateur. En effet, l'objectif de Luc Besson était que le spectateur dépense un maximum sur place, d'abord pour acheter son billet (vendu de 10,9 à 25 euros), en proposant champagne, saumon, et moult attractions destinées à prolonger son séjour sur place... et donc ses dépenses. C'est le modèle des multiplexes dit de "nouvelle génération".

Las! Si l'on rapporte le chiffre d'affaires réalisé à fin mars 2013 (1,5 million d'euros) au nombre de spectateurs à cette date, la recette s'élève à 10,9 euros par spectateur. Un chiffre qui inclut tout: prix du billet, vente de nourriture, publicités vendues avant le film...

Problème: ce chiffre est à peine supérieur à celui réalisé par les exploitants de salles traditionnels, comme Gaumont Pathé ou Kinepolis (cf. ci-contre).

Autrement dit, Luc Besson n'a pas gagné son pari de faire dépenser au spectateur bien plus que dans une salle traditionnelle. Un exploitant de salles doute qu'il y arrive: "à l'étranger, les multiplexes nouvelle génération ont réussi en ciblant une clientèle très aisée, et dans des pays peu équipés en salles. Or Luc Besson n'installe pas ses multiplexes dans les beaux quartiers, mais dans les banlieues, et dans un pays déjà très bien équipé".

Ambitions discrètes

Hasard ou coïncidence? EuropaCorp se fait plus discret sur ses ambitions dans l'exploitation de salles. Aucun des slides présentés lors des résultats le 27 juin n'était consacré au sujet.

Quant au multiplex suivant, prévu à Marseille, il prend toujours plus de retard. Le 27 juin, le directeur général Christophe Lambert d'Europacorp a évoqué une ouverture "fin 2015 ou début 2016"... avec quatre ans de retard sur le calendrier initial. Il a aussi indiqué qu'un recours contre l'autorisation d'exploitation avait été déposé par un concurrent (apparemment UGC).

Interrogé à de multiples reprises depuis un mois, EuropaCorp n'a jamais répondu. Et, malgré nos demandes, EuropaCorp n'a pas invité BFM Business à sa conférence de résultats, contrairement aux autres médias.

Le titre de l'encadré ici

|||La recette par entrée (en euros)

Les cinémas Gaumont Pathé (France, Suisse, PB)
2010: 9,9
2011: 9,7
2012: 10,2
2013: 10,4

Kinepolis (France)
2010: 9,3
2011: 9,5
2012: 9,65
2013: 10,2

Source: sociétés

Jamal Henni