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Ryanair pâtit déjà du Brexit, et craint l'avenir

La baisse de la livre et les incertitudes sur la sortie du Royaume Uni de l'UE impactent directement Ryanair.

La baisse de la livre et les incertitudes sur la sortie du Royaume Uni de l'UE impactent directement Ryanair. - Paul - Flickr - CC

La compagnie aérienne low cost a fait état ce lundi de perspectives de croissance très prudente du fait des effets du Brexit sur ses affaires. Un évènement qui a déjà commencé à freiner sa croissance cette année.

La compagnie aérienne à bas coûts Ryanair s'attend à une hausse modeste de son bénéfice net cette année, du fait d'un environnement difficile sur fond de Brexit, qui a déjà ralenti la progression de sa rentabilité en 2016-2017. Le bénéfice net du groupe lors de l'exercice écoulé s'est élevé de 6% à 1,316 milliard d'euros, a annoncé le groupe irlandais dans un communiqué, soit dans la fourchette de 1,30 à 1,35 milliard qu'il s'était fixée après l'avoir abaissée en octobre dernier du fait de la chute de la livre.

Ryanair justifie cette performance financière par un nombre record de 120 millions de passagers transportés lors de l'exercice décalé achevé fin mars, ce qui fait d'elle la première compagnie européenne selon ce critère. Il récole également les fruits de son programme d'amélioration de son service, appelé "Always Getting Better" et lancé en 2013. Son chiffre d'affaires a progressé de 2% à 6,648 milliards d'euros. Le groupe a ouvert 206 nouvelles lignes et 10 nouvelles bases de stationnement d'avions, dont deux en Allemagne (Francfort et Hambourg).

La chute de la livre amoindrit mécaniquement ses revenus

La compagnie a décroché un taux de remplissage de 94%, mais la hausse de sa fréquentation s'est faite au prix d'une nette baisse des tarifs, en moyenne de 13%, afin de réagir à un marché toujours très concurrentiel et marqué par la baisse de la livre, ralentissant ainsi la progression de sa rentabilité. Le groupe explique avoir dû faire face aux attentats dans des villes européennes, à un déplacement des charters de l'Afrique du Nord, la Turquie et l'Egypte, vers l'Europe continentale et enfin à la forte dépréciation de la livre depuis le vote pour le Brexit en juin 2016. Cette baisse de la devise amoindrit mécaniquement les revenus tirés du marché britannique, qui représente un quart du chiffre d'affaires du groupe, dont les comptes sont publiés en euro.

Ce contexte conduit le groupe à prévoir "prudemment" une hausse de 8% de son bénéfice net pour 2017-2018 qui devrait se situer entre 1,4 et 1,45 milliard d'euros. Ryanair entend dans le même temps porter le nombre de passagers à 130 millions l'an prochain avec un objectif d'atteindre les 200 millions à l'horizon 2023-2024. "Même s'il y a des raisons d'être optimistes pour l'été 2017, beaucoup de choses reposent sur la situation sécuritaire en Europe et le risque d'un processus négatif conduisant au Brexit", souligne Neil Wilson, analyste chez ETX Capital. Par conséquent, "les compagnies aériennes ne vont pas donner des prévisions de bénéfices trop élevées alors que tant dépend d'événements qu'elles ne contrôlent pas", selon lui.

Une interruption des vols entre GB et UE?

Ryanair explique que ses réservations pour le premier semestre sont "raisonnablement robustes", en hausse de 1% sur un an, mais que sa visibilité est "limitée" pour le second semestre. Il s'attend à ce que les tarifs reculent en moyenne entre 5% et 7% en raison de la livre faible et des surcapacités en Europe. Ryanair prévoit en outre que sa facture de carburant va reculer de 70 millions d'euros l'an prochain, mais indique qu'il utilisera cette enveloppe pour baisser les tarifs.

Le groupe rappelle enfin "les incertitudes significatives" entourant la prochaine sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, après avoir fait une campagne ardente contre le Brexit. Ryanair agite même depuis plusieurs semaines le risque d'une interruption temporaire des vols entre le Royaume-Uni et l'Union européenne après le Brexit, si Londres et Bruxelles ne s'entendent pas rapidement sur un accord pour le transport aérien. Le groupe explique qu'en attendant d'y voir plus clair, il continue de miser pour sa croissance en 2017 et 2018 moins sur le Royaume-Uni et davantage sur le reste de l'Europe.

N.G. avec AFP