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Sauvetage de Transaero: Aeroflot jette l'éponge

Aeroflot renonce à sauver Transaero.

Aeroflot renonce à sauver Transaero. - Miguel Medina - AFP

Transaero a des problèmes financiers. Mais sa concurrente n'a pas réussi à la sauver.

Serait-ce la fin de Transaero? La deuxième compagnie aérienne russe, étranglée financièrement par la chute du rouble, semblait promise à la faillite après l'échec de son sauvetage par sa concurrente Aeroflot, voulu par Moscou pour éviter sa disparition brutale. "Nous sommes dans une situation où la compagnie ne peut plus remplir ses obligations financières dans leur intégralité", a déclaré le ministre des Transports Maxime Sokolov, cité par les agences russes.

Par conséquent, la compagnie a été notifiée qu'elle ne pouvait plus vendre de billets, a précisé le ministre, qui s'exprimait à l'issue d'une réunion avec le Premier ministre Dmitri Medvedev consacrée au sort de la compagnie qui a transporté 86 millions de passagers en 25 ans d'existence. Formellement, a souligné Maxime Sokolov, Transaero garde sa licence d'exploitation et aucune décision de faillite n'a été prise car cela relève "de la compétence exclusive des créanciers" qui doivent saisir la justice. Mais les sources interrogées par la presse russe jeudi soir étaient formelles: Dmitri Medvedev a donné son accord à ce scénario.

Situation intenable

Transaero peine à rembourser ses dettes depuis que le rouble s'est effondré fin 2014, plombé par la crise ukrainienne et la chute des cours du pétrole. La faiblesse de la monnaie alourdit les coûts liés au dollar, de la location en crédit-bail des avions à la maintenance technique en passant par le remboursement des crédits. Dans le même temps, la récession qui frappe la Russie plombe le pouvoir d'achats des ménages et la demande pour les vols long-courriers, spécialité de Transaero, la force à maintenir des prix très bas malgré la hausse de ses dépenses.

Après avoir tenté de se maintenir à flots, elle a fini par se trouver en situation intenable cet été lorsque le rouble a brutalement rechuté en suivant le marché pétrolier. Le gouvernement, qui voulait éviter une paralysie des vols et des milliers de suppressions d'emplois, a ordonné début septembre à Aeroflot, contrôlée à 51% par l'Etat, de lancer une offre sur 75% de son capital pour un rouble symbolique. 

Mais si Aeroflot a déjà pris le contrôle opérationnel de sa concurrente, elle n'a pas réussi à se mettre d'accord avec ses créanciers sur une restructuration de la dette, ni à obtenir les 75% du capital visés dans les délais impartis. La compagnie publique a annoncé jeudi soir dans un communiqué qu'elle ne prolongeait pas son offre d'achat. Elle a promis de s'assurer que Transaero remplisse ses obligations envers les passagers, soit en les transportant soit en les remboursant, et de "minimiser les conséquences négatives pour le personnel".

La faillite sur la table

Mercredi, le numéro deux du gouvernement Igor Chouvalov avait prévenu que la faillite était sur la table. "Nous ne devons pas sauver l'entreprise, nous devons nous occuper des gens", a-t-il expliqué, soulignant que la compagnie employait plus de 10.000 personnes. L'association des tours-opérateurs (Ator), dans une lettre ouverte aux autorités de l'aviation, s'est dite "extrêmement préoccupée". "Un arrêt brutal des vols du transporteur durant le mois d'octobre pourrait conduire à une situation difficile, sans précédent pour le secteur aérien et touristique", a-t-elle prévenu. Le ministre des Transports a tenté de rassurer jeudi soir les 650.000 passagers détenteurs de billets Transaero, assurant que des places leur seraient trouvées dans les vols des autres compagnies.

Un rachat de Transaero aurait renforcé la position d'Aeroflot avec une part de marché de plus de 50%. Mais il aurait alourdi considérablement son endettement et aurait posé des difficultés d'intégration tant le profil des compagnies et leurs flottes diffèrent. Contrairement à Aeroflot qui dispose d'une flotte récente composée surtout d'Airbus, Transaero exploite surtout des Boeing, notamment des 747, relativement anciens. La compagnie avait commandé à l'avionneur européen quatre gros porteurs A380 (1,7 milliard de dollars au prix catalogue) et huit moyen-courriers A320neo. Ces appareils n'ont pas encore été livrés et le sort de cette commande se trouve désormais en suspens.

D. L. avec AFP