BFM Business
Entreprises

Il serait temps de s’intéresser à la formation professionnelle !

Seules 12% des sommes destinées à la formation vont aux chômeurs, le reste étant destiné à la formation des actifs.

Seules 12% des sommes destinées à la formation vont aux chômeurs, le reste étant destiné à la formation des actifs. - -

Débutent ce mardi les négociations entre partenaires sociaux sur la refonte du dispositif de formation professionnelle. Un enjeu majeur.

Depuis 1971 et les lois suggérées par Jacques Delors, alors conseiller de Jacques Chaban-Delmas, la formation professionnelle a pris une ampleur considérable au point de représenter 31 milliards d’euros et un tiers de la politique de l’emploi. Or, les rapports s’accumulent pour dénoncer l’inefficacité du dispositif. Il va falloir agir avec détermination car beaucoup d’intérêts sont en jeu.

Dépenser pour la formation professionnelle, a priori, c'est une bonne idée ?

Oui. D’autant plus que l’évolution de la production fait qu’il est vain de penser que quelqu’un pourra exercer toute sa vie exactement le même métier. On s’oriente dans nos sociétés vers de formations pratiques renforcées- d’où les appels à développer l’apprentissage- et renouvelées -d’où l’enjeu de la formation professionnelle. Les économistes qui ont toujours des trouvailles de langage parlent de « mobication ». Cela signifie que pour mener une carrière professionnelle, il faut faire preuve de mobilité et de renforcer son éducation, mot d’ailleurs qui va au-delà de la simple formation.

Quel est le problème ?

Et bien, c’est que pour le moment cela coûte cher avec des résultats décevants. Une des questions qui va rapidement se poser est la réorientation de la formation vers les chômeurs. François Hollande a annoncé qu’il souhaitait que 50% des chômeurs puissent bénéficier d’une formation contre 20% aujourd’hui. Sur les 32 milliards d’euros que mobilise la formation, les chômeurs ne représentent que 12%. En revanche, les personnels qui reçoivent le plus de formation sont ceux qui ont le plus de diplômes. Plusieurs experts ont souligné ce paradoxe qui fait de la formation professionnelle plutôt un moyen de conforter les inégalités de niveau de compétence que de les réduire.
En fait la formation professionnelle bénéficie aux salariés en place et en outre elle est réalisée par des opérateurs qui sont souvent liés aux organisations syndicales. Un rapport – enterré - du député Nicolas Perruchot avait souligné le caractère malsain de l’utilisation de la formation professionnelle pour faire vivre les syndicats. Les sommes sont peu importantes par rapport à l’enveloppe globale mais cela traduit la nécessité de transparence en la matière.

Est-ce qu'il y a eu des avancées malgré tout ?

La précédente majorité avait essayé de rationaliser tout cela. En 2009 on a créé un Fonds de sécurisation des parcours professionnels. On a dans la foulée réduit le nombre d’opérateurs et de gestionnaires de fonds – ce que dans le jargon on appelle des OPCA. Mais en 2008, la Cour des comptes parlait de « gaspillage ». Et en 2013, elle affirme qu’aucun progrès n’a été réellement accompli : il y a du pain sur la planche !

Jean-Marc Daniel