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SFR-Bouygues Telecom: en quoi l'activité entreprises pose problème

Lors de la fusion entre SFR et Numericable, l'activité dédiée aux entreprises avait été passée au crible par l'Autorité de la concurrence

Lors de la fusion entre SFR et Numericable, l'activité dédiée aux entreprises avait été passée au crible par l'Autorité de la concurrence - Philippe Huguen-AFP

Les deux opérateurs formeraient un duopole avec Orange sur le marché des télécoms pour entreprises. Un volet épineux en vue à traiter pour l'Autorité de la concurrence...

Quand le numéro deux d'un marché prévoit de fusionner avec le numéro trois, cela soulève des questions de concurrence. C'est ce scénario qui risque de se produire sur le marché français des services télécoms aux entreprises, au cas où SFR-Numericable rachèterait Bouygues Telecom.

La question se pose d'autant plus que, lors de la précédente fusion entre SFR et Numericable, ce marché avait été passé à la loupe par l'Autorité de la concurrence. Le nouvel ensemble était crédité, par cette dernière, d'une part de 20 % uniquement sur le marché des réseaux fixes (lignes spécialisées, ADSL) pour entreprises.

"Dans certaines zones géographiques, l'opération (de fusion, NDLR) réduira ainsi le nombre d'opérateurs des réseaux de cuivre et de fibre optique utilisés pour construire les offres destinées aux entreprises, la nouvelle entité se retrouvant en duopole avec Orange" avait déjà notifié le gendarme de la concurrence.

En réponse, Numericable s'était notamment engagé à céder le réseau ADSL de sa filiale Completel à un opérateur capable d'animer la concurrence sur le marché.

Orange + SFR-Numericable-Bouygues Telecom : un duopole...

En rachetant Bouygues Telecom et son activité entreprise, SFR-Numericable deviendrait incontestablement le numéro deux du marché, loin derrière Orange, crédité, lui, de 70 % (dans les télécoms fixes pour entreprise).

Les deux opérateurs réunis formeraient un duopole "presque parfait", crédité d'une part de marché cumulée de plus de 95 %, rien que sur le marché des réseaux fixes haut débit.

La filiale de Bouygues apporterait à SFR-Numericable, déjà bien doté en la matière, son offre mobile dédiée aux entreprises, héritée de son passé d'opérateur 2G et 3G.

En plus, Bouygues Telecom, bien qu'entré plus récemment sur les réseaux fixes, est capable de proposer aux entreprises des raccordements haut débit à partir de ses propres infrastructures télécoms fixes.

L'Autorité de la concurrence ne pourrait laisser en l'état un duopole. Celui-ci risquerait d'imposer ses conditions tarifaires aux entreprises, sur le marché de détail, et aux opérateurs sans réseaux câblées ou mobiles, sur le marché de gros.

Pour maintenir "l'intensité" concurrentielle sur ce marché, la cession de Bouygues Telecom Entreprises, forte d'un peu moins de 1.000 salariés, deviendrait alors une sérieuse hypothèse de travail pour le gendarme de la concurrence.

Vers la cession de Bouygues Telecom Entreprise ?

Mais, il faudrait céder son portefeuille de clients et des équipes, sans infrastructures télécoms. Il serait en effet difficile au régulateur d'isoler au sein de Bouygues Telecom, les réseaux télécoms dédiés aux entreprises de ceux utilisés par le grand public.

La parade à cet écueil serait assez simple, toutefois. Elle consisterait à contraindre SFR-Numericable à proposer une offre de gros aux opérateurs sur l'ensemble de ses réseaux fixes haut débit, y compris ceux récupérés de Bouygues Telecom.

Les candidats naturellement intéressés par une telle cession pourraient se trouver parmi quelques plusieurs opérateurs spécialisés dans les offres à destination des entreprises (Colt, Verizon, Adista, etc...).

Certains d'entre eux ont déployé leur infrastructure télécoms (grâce au dégroupage de lignes ADSL ou avec leur propre réseau en fibre optique), surtout dans les grandes villes.

A moins que Free ne se montre finalement intéressé par cette activité... Le trublion des télécoms n'a toutefois jamais fait du marché des entreprises, un axe stratégique, bien qu'il possède et exploite plusieurs datacenters dédiés à l'hébergement de sites web, visant les professionnels.

Frédéric Bergé