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SNCF: la délicate équation de la CFDT

Laurent Berger doit composer avec sa base, tout en maintenant sa ligne réformiste.

Laurent Berger doit composer avec sa base, tout en maintenant sa ligne réformiste. - Bertrand Guay - AFP

Malgré ses relations tendues avec le pouvoir, le syndicat de Laurent Berger entend bien maintenir sa ligne réformiste, face à une CGT à l’offensive. Même si la réforme ferroviaire laisse entrevoir un fossé entre la direction et une partie de la base de la CFDT.

A mesure que le conflit s’enlise à la SNCF, la position de la CFDT apparaît plus délicate. Prise en tenaille entre sa volonté d’ouverture, portée par son secrétaire général Laurent Berger, et l’implication totale de ses cheminots dans le mouvement social en cours, le syndicat réformiste souffle le chaud et le froid.

Une situation qui illustre un certain décalage la direction confédérale et sa base, déjà mis en lumière lors de la réforme du code du travail en septembre dernier. De nombreux militants avaient alors défilé, malgré les déclarations de Laurent Berger affirmant que "la CFDT ne (serait) pas dans la rue".

Si la centrale est bien devenue, l'an dernier, la première organisation syndicale dans le secteur privé, détrônant ainsi la puissante CGT, la confédération apparaît scindée en deux. "Il y a d’un côté l’appareil syndical très bien structuré, avec de nombreux salariés, ce qui n’est pas forcément le cas des autres organisations. De l’autre, il y a la base", selon Jean-Claude Ducatte, président du cabinet d’étude et de conseil Epsy. "La structure fait de la politique, la base fait du syndicalisme".

Tensions avec l'Élysée

Problème: les relations entre la centrale et l’Élysée ne sont pas au beau fixe. La direction de la CFDT reproche en effet à l’exécutif sa méthode, consistant à imposer son point de vue sans tenir compte des syndicats. Avant l’épisode SNCF, la réforme de la formation, mais aussi celle de l’assurance-chômage avait créé une tension certaine entre les deux parties, bien plus que lors du précédent quinquennat. "Le problème, c’est que François Hollande faisait de la politique avec la CFDT, et qu’Emmanuel Macron n’en fait pas. Il raisonne en terme de rapport de force", poursuit le spécialiste.

Dans ce contexte, la CGT semble la mieux armée pour tirer son épingle du jeu, n’hésitant pas à mobiliser ses troupes dans d’autres secteurs comme l’énergie, et appelant à une mobilisation unitaire.

Laurent Berger, lui, souhaite au contraire éviter un conflit dur. "Je ne crois pas à la convergence des luttes", a-t-il martelé jeudi au micro de BFMTV et RMC. Et il rappelle régulièrement que la CFDT cheminots a fait de nombreuses propositions, notamment sur l’épineuse question de l’ouverture à la concurrence.

Comme un énième appel du pied à l’exécutif, le leader syndical dit souhaiter la fin du mouvement social le plus rapidement possible. Et va tenter de sortir par le haut alors que se profilent, en novembre, des élections professionnelles à la SNCF.

Yann Duvert