SNCF: pourquoi les cheminots feront grève deux jours sur cinq
On attendait une offensive visant à "refaire le coup" de 1995, lorsque d’immenses grèves avaient paralysé le pays. Les syndicats de la SNCF ont finalement choisi une autre stratégie, appelant au débrayage deux jours sur cinq à partir du 3 avril, pendant trois mois.
Il n’est pas question, ici, de grève "perlée" - qui consiste à travailler au ralenti et à briser les cadences. Ni de grève illimitée, puisque la durée est déjà déterminée. Mais cette solution innovante présente plusieurs avantages pour les cheminots.
D’abord, elle permet de prendre de court l’exécutif, qui anticipait un mouvement "dur" sur une durée plus courte. "Le gouvernement attendait un mois de grève, on s’est adapté", a ainsi affirmé Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT Cheminots, ce vendredi sur RTL.
Peser politiquement
Cette option sera également plus supportable financièrement pour les salariés, alors que la direction de la compagnie ferroviaire a déjà exclu tout paiement des jours de grèves.
En plus d’étaler le mouvement sur trois mois, les grévistes pourront également se relayer - certains reprenant le travail quand d’autres débrayent - selon le principe de la "grève tournante".
En outre, cesser le travail deux jours sur cinq aura pour conséquence de compliquer la tâche de la SNCF, en ce qui concerne la planification des trains.
Enfin, la solution choisie permettra de peser politiquement. En laissant la porte ouverte aux négociations, puisqu’il ne s’agit pas à proprement parler d’un mouvement "dur", mais aussi en couvrant la durée du processus législatif. Car comme l’indique Laurent Brun, "si la loi d’habilitation des ordonnances va être votée prochainement, la loi de ratification, elle, ne le sera que dans trois mois".