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Transports

SNCF: pourquoi les cheminots font grève ce mardi

Les cheminots craignent l'éclatement du système ferroviaire.

Les cheminots craignent l'éclatement du système ferroviaire. - -

Un mouvement de grève reconductible est lancé à partir de ce mardi 10 juin, à 19h, pour protester contre la réforme ferroviaire. Mais d'autres sujets irritent les manifestants.

Nouvelle offensive des cheminots. Ce mardi 10 juin, un mouvement de grève reconductible va débuter à compter de 19h, pour une durée initiale de 24h. Il fait suite à l'appel lancé par la CGT et Sud Rail, il y a une semaine. Entre-temps, Force Ouvrière et First se sont joints au mouvement. Cet appel devrait être suivi puisque 46% des cheminots soumis à l'obligation de se déclarer ont prévenu qu'ils cesseraient le travail. 

Ils débrayeront ainsi quelques jours avant que le projet de loi portant la réforme ferroviaire ne soit examiné par les députés. Ce texte vise à rapprocher la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF) au sein d'une organisation complexe, le but étant in fine d'arriver à réduire le lourd endettement du secteur ferroviaire, qui atteint 40 milliards d'euros.

Ce projet de loi inquiète les organisations syndicales, qui ne font toutefois pas réellement front commun. Ainsi la CFDT, qui n'a pas appelé à la manifestation, préfère négocier des aménagements plutôt que de jouer le rapport de force.

Mais cette réforme institutionnelle n'explique pas à elle seule la grogne. D'autres raisons plus ou moins avouées motivent les organisations syndicales.

> La réforme ferroviaire

La CGT fait valoir que le projet de loi "ne réunifie pas le système" ferroviaire et argue que "le système n'est pas désendetté". En outre le syndicat craint que "le statut et la réglementation du travail de tous les cheminots" soient "des variables d'ajustement de circonstance", selon un communiqué du 22 mai.

Par ailleurs, dans la lettre adressée à Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, pour signaler le préavis de grève, Sud-Rail et la CGT évoquent le plan stratégique de la SNCF "Excellence 2020", plan qui selon eux préfigure le projet de loi gouvernemental. D'après ces deux syndicats ce plan contient des économies de fonctionnement qui fait "reposer sur la productivité des cheminots l'essentiel du désengagement de l'Etat, tant sur le coût de la dette de RFF (…), que sur le financement des travaux nécessaires de rénovation du réseau".

> Les autres raisons

Derrière la réforme ferroviaire, la CGT et Sud ont également une influence à défendre. Lors des dernières élections syndicales à la SNCF, ces deux organisations ont perdu des plumes face à l'Unsa et la CFDT, plus ouvertes sur la réforme ferroviaire.

Outre cet enjeu politique, le DRH de la SNCF, François Nogué, a déclaré à la presse, mardi 3 juin, qu'il "s'interroge sur les motivations de certains syndicats qui, avec des mots d'ordres réducteurs et simplistes, appellent à cette grève précipitée". Selon lui, le préavis de grève évoque "des sujets internes à la vie de l'entreprise, qui n'ont que peu de rapport avec la réforme ferroviaire".

Dans le préavis, des problématiques assez diverses sont mentionnées, comme la politique salariale du groupe ou "la réduction massive d'emplois", que la CGT et Sud relient à la réforme ferroviaire.

Les syndicats pointent aussi "la volonté au sein de l'UTP (Union des transports publics et ferroviaires) d'abaisser les normes en vigueur à la SNCF" concernant la règlementation du travail". "Sur le statut, les discours sont rassurants mais, dans les faits, les droits statutaires des cheminot-e-s sont sans cesse attaqués", peut-on également lire.

En outre, les syndicats demandent "une modification radicale de la politique du fret" de la SNCF.

Fédérations syndicales de cheminots publié par BFMBusiness

Julien Marion