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Transports

SNCF : TVA et prix du billet ne font pas bon ménage

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Le 9 octobre, la SNCF était en grève pour protester l’ouverture des transports publics à la concurrence. Ce même jour, le nouveau président de l’Union des transports publics urbains a tenu à souligner les difficultés de ce secteur.

La SNCF est en difficulté et elle arrive de moins en moins à se financer par les billets émis : ils ne représentent que 30% des recettes et il sera difficile cette année de trop augmenter les tarifs car la Tva va augmenter passant de 7 à 10 %.

Les transports publics ne sont pas au mieux de leur forme

Ils sont dans une situation paradoxale : la fréquentation stagne mais les hausses de tarifs augmentent le chiffre d’affaires. Cette stagnation de la fréquentation est inquiétante parce que les transports collectifs urbains desservent de plus en plus de communes autour des grandes villes. Les usagers potentiels sont de plus en plus nombreux mais l’apport de nouveaux usagers compensent juste les abandons. Un des facteurs de cette stagnation est conjoncturel. En effet dans les périodes de contraction de l’emploi, les déplacements professionnels diminuent. Mais au-delà de cet aspect on sent une certaine désaffection pour les transports en commun. Quand on regarde le cas particulier de Paris qui offre plusieurs types de transports en commun, on s’aperçoit que les RER connaissent une augmentation de fréquentation de 2% par an, le métro de 1% mais les bus subissent une baisse de 2,5%. Quitte à être coincé dans les embouteillages, autant l’être dans sa voiture. Les spécialistes affirment même que la concurrence la plus redoutable pour les bus en centre ville est, compte tenu de leur vitesse, la marche à pied…

Cela se répercute sur le financement ?

Evidemment. Les usagers représentent une part de moins en moins importante des ressources : 30% si l’on prend les billets émis, un peu moins de 50% si on rajoute le versement transport dû par les entreprises. Les réseaux de transport pour limiter les pertes de clientèle ont eu tendance à limiter les hausses de prix. On n’en a pas toujours conscience mais le prix des transports en commun urbain a juste suivi l’évolution de l’inflation. Et à Paris le prix de la carte Navigo annuelle a reculé de 6% par rapport à l’inflation. A cela s’ajoute une fraude croissante : à Paris elle représente un manque à gagner de 400 millions d’euros pour la SNCF et la RATP. Si on veut un ordre de grandeur, c’est 8% du chiffre d’affaires de la RATP et presque 4 fois la fraude à Londres. Résultat, les subventions des collectivités locales augmentent sans cesse. Le contribuable se substitue de plus en plus à l’usager avec tous les problèmes que cela pose en termes d’équité. Là où la situation devient grotesque, c’est qu’en augmentant la Tva sur les transports, l’Etat fait perdre des clients aux transporteurs ce qui conduit à augmenter les subventions !!

Quelles sont les pistes de réforme ?

Il y en a clairement deux : augmenter la qualité du service, c'est-à-dire en particulier faire en sorte que les bus échappent davantage aux embouteillages et à Paris que les pannes dans le métro ne se multiplient pas. Et réduire les coûts de fonctionnement. Le président de l’UTP disait dans sa conférence de presse qu’il y a des réserves de productivité chez beaucoup d’opérateurs. Ce que l’on constate, c’est que ceux qui ont fait des efforts dans ce sens ce sont ceux qui ont été mis en concurrence. Bruxelles réclame la fin du monopole notamment de la RATP. Allons y donc, malgré les grèves que cela provoquera immanquablement !

Jean-Marc Daniel