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Sur les terres de Boeing, Airbus lance la production de ses avions "made in USA"

Barry Ecclestone, le patron de Airbus America, présente les contours de la nouvelle usine de l'avionneur à Mobile (Alabama).

Barry Ecclestone, le patron de Airbus America, présente les contours de la nouvelle usine de l'avionneur à Mobile (Alabama). - NICHOLAS KAMM - AFP

L’avionneur européen inaugure ce lundi son premier site de production américain à Mobile (Alabama). Objectif: mettre fin à l’hégémonie de son concurrent Boeing au pays de l’Oncle Sam.

"C'est un jour historique", selon Fabrice Brégier, le patron d'Airbus. L'avionneur européen inaugure en grande pompe ce lundi à Mobile (Alabama, sud) la production de ses premiers avions "Made in USA" dans l'espoir d'y accroître sa part de marché et réduire ses coûts.

Située sur l'ancienne base militaire de Brookley où étaient construits des avions de la Seconde Guerre mondiale et à proximité des restes des Chantiers navals, l'usine américaine d'Airbus est un complexe de 47 hectares dont la moitié est bâtie. Le constructeur dispose d'une réserve foncière de 47 hectares supplémentaires s'il souhaite se développer.

L'usine de Mobile va assembler des appareils de la famille du monocouloir A320 (A319, A320 et A321), son best-seller lancé en 1988. A partir de 2017, ce sera au tour de l'A320 Neo, la version remotorisée et plus économe en carburant. Airbus espère y produire quatre avions par mois à partir de 2018, soit 40 à 50 par an.

"Un jour qui change la donne"

Airbus a choisi l’Alabama, un état pauvre du sud, notamment parce que les salaires y sont moins élevés et parce que les syndicats y sont plus faibles. La direction reconnaît que les frais de personnels y seront moins élevés qu’en France ou en Allemagne. S’y ajoute la possibilité de licencier plus facilement en cas de mauvaise passe, ainsi que de belles subventions de l’état de l’Alabama. Mais ce que Airbus va gagner en charge salariale il va largement le perdre en frais de logistique. Car si les avions sont assemblés dans l’Alabama, les pièces devront être transportées depuis l’Europe, ce qui coûtera une fortune.

En fait l’intérêt de cette usine est stratégique à plus long terme. Produire aux Etats-Unis augmente en effet les chances de se positionner sur le marché local. Or c’est un pays où les avions sont âgés. Les opportunités pour les 20 ans qui viennent sont énormes.

Les premiers Airbus sortiront l’an prochain de l’usine de Mobile qui devrait atteindre son rythme de croisière en 2018. Le but est d'atteindre si possible 50% de part de marché au pays de Boeing. Et pourquoi pas, un jour, accéder aux commandes du Pentagone qui pour l’instant restent 100% américaines. Mais l'avionneur souligne qu'il a les capacités d'en assembler huit par mois. De quoi justifier l’enthousiasme de Fabrice Brégier, pour qui ce jour ce "change la donne dans le secteur aéronautique".

Jean-Bernard Cadier avec AFP