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La fusée Ariane 6 parée à affronter la concurrence en 2020

Ariane 5 n'a pas démérité, mais les temps ont changé, et la conquête de l'espace s'est privatisée.

Ariane 5 n'a pas démérité, mais les temps ont changé, et la conquête de l'espace s'est privatisée. - Jérôme Vallette - AFP

Les ministres européens en charge de l'espace ont donné ce mardi le coup d'envoi du développement d'Ariane 6, la nouvelle version du lanceur européen, conçu pour affronter une concurrence devenue féroce.

L'Europe s'apprête à vivre une nouvelle étape dans le domaine des lanceurs de satellites. Les ministres européens de l'espace ont agréé, ce 2 décembre à Luxembourg, le projet de création d'Ariane 6, qui devrait effectuer son premier vol en 2020, et succéder ainsi à Ariane 5. Un lanceur moins cher, plus compétitif et mieux adapté aux besoins des clients pour affronter une concurrence accrue

Du haut de ses 19 ans, de ses 62 succès d'affilée, et de ses 50% de parts de marché du lancement de satellite, Ariane 5 n'a pas démérité. C'est juste l'époque qui a changée. Tout s'est accéléré depuis près d'un an, au moment du lancement, en décembre dernier, du premier vol commercial du Falcon de SpaceX, un acteur californien soutenu par la Nasa.

Ariane 5 ne répond plus aux attentes de ses clients

Cette entreprise, créée par le milliardaire Elon Musk, personnage qui a inspiré Iron Man, propose un modèle low-cost dont les coûts de lancement plafonnent à 49 millions d'euros, contre plus du double pour l'Européen. Mais d'autres acteurs russes, indiens et chinois promettent aussi de se positionner. 

Tout cela a mis subitement en lumière cette vérité: pour différentes raisons, Ariane 5 ne répond plus aux attentes de ses clients, les opérateurs. Elle n'est pas adaptée à la nouvelle génération de satellites électriques, potentiellement plus volumineux mais dont le poids est beaucoup moins élevé, ni aux besoins parfois divers des acteurs commerciaux et institutionnels.

Autant de réflexions qui ont accéléré la décision. Il n'y aura pas d'Ariane 5 bis, mais bien une rupture technologique totale pour répondre au plus vite à cette nouvelle donne.

La France a eu gain de cause face à l'Allemagne

La France et l'Allemagne, qui assurent à elles deux la moitié du financement du programme lanceurs européen, défendaient chacune une option différente: Berlin plaidait pour une Ariane 5 amélioré, Paris pour un saut technologique. L'Hexagone, qui assume la part la plus importante du financement du lanceur, a finalement obtenue gain de cause.

Le "corridor financier" pour le programme lanceurs est estimé globalement à 800 millions d'euros par an pendant 10 ans. Cela inclut notamment la création d'un nouveau pas de tir au Centre spatial guyanais de Kourou.

La nouvelle Ariane 6, prévue par l'Agence spatiale européenne, s'inscrit dans la continuité technologique des lanceurs européens, c'est-à-dire qu'elle va utiliser des éléments déjà expérimentés sur Ariane 5 ou étudiés pour le projet Ariane 5 ME, la version évoluée d'Ariane 5 désormais abandonnée. Un moyen de minimiser la prise de risque tout en promettant un gain de compétitivité.

Guillaume Paul avec AFP