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Sponsoring nautique: Safran rentre au port

Marc Guillemot, skipper du bateau Imoca "Safran" en 2012.

Marc Guillemot, skipper du bateau Imoca "Safran" en 2012. - FRED TANNEAU / AFP

Le géant industriel et technologique a annoncé ce mercredi qu'il ne serait plus sponsor dans la voile après juin 2017, au terme de son contrat avec le skipper Morgan Lagravière.

C'est la fin d'une histoire de douze ans, qui est née en même temps que Safran. La direction du groupe raconte que ses prédécesseurs de l'époque "se sont engagés dans le programme de course au large pour accompagner la fusion Snecma/Sagem et rassembler les salariés autour d'un projet fédérateur, mobilisateur et valorisant". Depuis 2005, on s'était habitués à voir le nom de Safran au départ des grandes courses. Deux skippers, Marc Guillemot (pendant dix ans), puis Morgan Lagravière, ont porté le projet sur l'eau.

Au rayon des souvenirs, notamment, la belle troisième place de Marc Guillemot sur le Vendée Globe 2008-2009, après un détour pour aider un concurrent. S'il y a eu des podiums, il y a également eu des déceptions. Est-ce que l'abandon de Morgan Lagravière sur le dernier Vendée Globe, dix-huit jours seulement après le départ des Sables d'Olonne, et ses déclarations sur une expérience "atroce", ont pesé dans la décision de Safran d'arrêter le sponsoring nautique? Le président du Safran Sailing Team, Gérard Le Page, assure que cela n'a pas joué du tout. Est-ce que les priorités ont changé avec l'arrivée d'un nouveau directeur général, en 2015? Le groupe explique plutôt qu'il a "atteint ses objectifs".

"Rendement décroissant"

"C'est la fin d'un cycle", précise Gérard Le Page, qui explique que pour cette activité de sponsoring, le groupe était entré dans une phase de "rendement décroissant". Côté budget, Safran a investi environ 3 millions d'euros par an dans la course au large. Un Vendée Globe, sur quatre ans, représente un investissement d'environ 12 millions d'euros. Deux bateaux ont été construits en douze ans. Le dernier, qui a été mis à l'eau au printemps 2015, va devoir trouver un nouveau sponsor.

"C'est un énorme gâchis", regrette Marc Guillemot, qui a cessé de collaborer avec Safran il y a un peu plus d'un an. Il soupire: "C'est dix ans de travail qu'on a fait avec toute l'équipe qui partent en fumée". Le marin morbihannais se dit "déçu" et "très triste", "parce que Safran était un bon sponsor". Et les sponsors se font rares. Même les plus brillants peinent à en trouver pour les épauler dans leurs aventures. Marc Guillemot lui-même, malgré son palmarès, a du mal à trouver de nouveaux partenaires.

De son côté, Morgan Lagravière explique qu'il "savait que [son] contrat prenait fin en juin et que le renouvellement n'était pas acquis". "Je comprends la décision de Safran, même si j'aurais aimé continuer ma route à leurs côtés" dit-il. Il pourrait quand même vivre une dernière aventure sous les couleurs de Safran. Parce qu'avant de quitter le sponsoring nautique, le groupe aimerait faire en sorte de conserver le record de la traversée de l'Atlantique Nord, en monocoque et en solitaire, qui a été battu par Marc Guillemot en juillet 2013. Si les condition météo le permettent, Morgan Lagravière s'élancera d'ici juin.

Pauline Tattevin