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Suicides à France Télécom: Didier Lombard risque le procès

Le parquet de Paris vient de demander un procès contre l'entreprise et son président de l'époque. Il les soupçonne d'avoir volontairement mis en place un système de "harcèlement moral" pour accélérer les départs.

France Télécom et son ancien président n'en ont pas terminé avec la justice, après la vague de suicides survenue entre 2006 et 2011. À la suite de sept ans d'enquête, le parquet de Paris a demandé un procès pour "harcèlement moral" contre l'entreprise et son ex-patron, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Le syndicat CFE-CGC d'Orange (ex-France Télécom) réclame jeudi le renvoi en correctionnelle de France Télécom et de son ex-patron, Didier Lombard, pour "homicide involontaire", jugeant la qualification de "harcèlement moral" retenue par le parquet de Paris très "réductrice".

France Télécom et Didier Lombard sont soupçonnés d'avoir mis en place une politique de déstabilisation des salariés pour accélérer les départs au sein de l'entreprise, dont 31 salariés se sont suicidés ou ont tenté de le faire.

D'autres dirigeants également accusés

Devenue Orange, France Télécom a été la première entreprise du CAC 40 à avoir été mise en examen pour harcèlement moral. Un procès amènerait la justice à trancher la première affaire de harcèlement à grande échelle dans une entreprise de cette taille.

Dans ses réquisitions datées du 22 juin, le parquet a également demandé un procès pour harcèlement moral de deux autres dirigeants, Louis-Pierre Wenes, ex-numéro 2, et Olivier Barberot, ex-responsable des ressources humaines, et de quatre cadres pour complicité, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

35 suicides en deux ans

Le parquet reproche à France Télécom d'avoir mis en place dès 2007 par des "agissements répétés" une politique d'entreprise qui a eu pour effet de "déstabiliser" les employés et de "créer un climat professionnel anxiogène", dans un contexte de restructuration délicate, selon une source proche de l'enquête.

Trente-neuf victimes sont notamment citées sur la période 2006-2011: dix-neuf se sont suicidées, douze ont tenté de le faire, et 8 salariés ont subi un épisode de dépression ou ont été en arrêt de travail. Selon les syndicats et la direction, 35 salariés s'étaient donné la mort en 2008 et 2009.

A.R. avec AFP