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TDF, NRJ et Itas Tim s'inquiètent de l'avenir de la TNT

Le débat porte sur le calendrier du transfert des fréquences: 2017 ou 2020?

Le débat porte sur le calendrier du transfert des fréquences: 2017 ou 2020? - -

Les trois diffuseurs techniques ont écrit une lettre commune à Matignon. Ils s'inquiètent des fréquences qui vont être transférées de l'audiovisuel vers les télécoms.

Ces trois-là sont plutôt habitués à se retrouver au tribunal. En effet, TDF, Towercast (filiale de NRJ) et Itas Tim se livrent une concurrence farouche pour assurer la diffusion des chaînes de radio et de télévision.

Mais, pour une fois, ils ont décidé de mettre leur rivalité de côté, et ont ont signé une lettre commune envoyée fin décembre au premier ministre Jean-Marc Ayrault.

En effet, les trois diffuseurs techniques sont inquiets pour l'avenir de la télévision numérique terrestre (TNT). Celle-ci occupe actuellement les fréquences allant de 470 à 790 mégahertz.

Mais, l'an dernier, le gouvernement a décidé de transférer aux télécoms une partie des fréquences de la TNT: précisément, la bande allant de 694 à 790 mégahertz, appelée "bande 700" dans le jargon du secteur. Cela permettra de vendre ces fréquences aux enchères aux opérateurs télécoms, et par là, de faire rentrer de l'argent dans les caisses.

Faire rentrer de l'argent dans les caisses

Le débat porte sur le calendrier. Bercy veut vendre ces fréquences le plus tôt possible (2015 ou 2016) pour disposer rapidement de l'argent. Cela implique que les télévisions libèrent ces fréquences peu après cette vente. Mais les chaînes répondent que c'est une opération lourde, impliquant de changer les matériels de réception, et qui prendra donc du temps.

"Un des scénarios envisagés par les pouvoirs publics consisterait à libérer la bande 700 à partir de 2017", s'inquiète la lettre de TDF, NRJ et Itas Tim, qui jugent cela beaucoup trop tôt, et demandent "un basculement effectif à l'horizon le plus lointain possible -2020 au plus tôt".

Les trois diffuseurs techniques disent avoir effectué pour la TNT "des investissements considérables", qui "ont une durée d'amortissement d'au moins 10 ans". Dès lors, un transfert en 2017 causerait "un préjudice industriel important, avec d'éventuelles conséquences juridiques", menacent-ils. Ils demandent donc au premier ministre de commander une étude d'impact indépendante, qui porterait "sur les conséquences économiques pour les diffuseurs, et sur les sources d'indemnisation à prévoir".

Scénario catastrophe

Un autre débat porte sur le nombre de fréquences (ou "multiplex" dans le jargon du secteur) occupé par les chaînes TNT. Actuellement, celles-ci occupent 8 fréquences. Un des scénarios envisagés par le gouvernement prévoit de tasser les chaînes TNT sur 6 fréquences ou moins, affirment les trois diffuseurs, pour qui cela conduirait à la catastrophe.

Selon eux, l'ensemble des chaînes TNT ne pourra alors pas migrer vers la HD (haute définition), et l'ultra HD ne pourra pas être introduite. Résultat: la TNT sera délaissée au profit d'autres réseaux (câble, satellite, ADSL, internet), qui sont "non régulés" et donc "échappent à toute contrainte réglementaire".

Conséquence: les chaînes TNT subiraient "un grave préjudice", et investiraient donc moins dans les films et les fictions françaises... Bref, "tout l'écosystème audiovisuel national serait profondément bouleversé", prédisent les diffuseurs, qui oublient de préciser qu'ils perdraient aussi beaucoup de chiffre d'affaires dans un tel scénario noir.

"Il est donc nécessaire qu'au moins 7 fréquences soient impérativement dévolues à la TNT", conclut la lettre commune.

Jamal Henni