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Télécoms: Alcatel-Lucent veut moins de régulation

Michel Combes s'est dit favorable à une consolidation entre opérateurs

Michel Combes s'est dit favorable à une consolidation entre opérateurs - Idate

Michel Combes, directeur général du constructeur, plaide pour un "aggiornamento complet" des règles de concurrence européennes afin de permettre la consolidation entre opérateurs et de relancer l'investissement.

L'Europe peut revenir à l'avant garde dans les télécoms. Telle est la conviction de Michel Combes, pour qui il n'y a pas de fatalité.

"L'Europe a été leader dans le téléphone mobile de 2ème et 3ème génération. Et il y a dix ans, nous étions devant les Etats-Unis avant de nous faire dépasser", a rappelé le directeur général d'Alcatel-Lucent mercredi 19 novembre, lors du colloque Digiworld de l'institut Idate à Montpellier.

Concernant la future génération de mobile, la 5G, il a prédit "une bataille politique majeure" entre Européens et Asiatiques. "La question est de savoir si l'Europe sera dans le siège du conducteur pour la 5G, ce qui est important pour l'innovation et la cyber sécurité".

Pour la consolidation entre opérateurs

Michel Combes a exposé sa recette pour retrouver ce leadership -recette qu'il a détaillée dans une lettre envoyée récemment au nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

D'abord, "les règles de concurrence européennes sont court-termistes et consuméristes. Il faut un aggiornamento complet de ces règles". Objectif: "favoriser la consolidation des acteurs européens", et par là "favoriser des champions européens", car "il faut des acteurs forts". Bref, il faut "un nouveau cadre réglementaire favorable à l'investissement dans l'innovation".

Michel Combes a aussi plaidé pour une unification des règles en Europe, afin d'aboutir à "un marché unique du numérique". Cela implique que "chacun abandonne" une partie de ses pouvoirs, et notamment que "les Etats renoncent à gérer leurs fréquences".

Quant à la neutralité de l'internet, "il ne faut pas être dogmatique. Que les opérateurs puissent proposer des services différenciés sera crucial dans les années qui viennent".

"La vidéo va dévorer le réseau"

Grâce à toutes ces mesures, l'investissement dans les réseaux télécoms pourrait repartir, car "l'Europe est aujourd'hui en retard: on manque clairement d'investissement dans les réseaux en Europe".

Un investissement d'autant plus nécessaire que les besoins en débit explosent, notamment à cause de la consommation de vidéo par les internautes. "Il va y avoir un tsunami de la vidéo qui va dévorer le réseau". D'ores et déjà, outre Atlantique, "la vidéo représente 75% du trafic, dont la moitié pour Netflix".

Michel Combes en est convaincu: "on a beaucoup parlé des terminaux ces dernières années. Mais aujourd'hui, le réseau est de retour!"

Jamal Henni, à Montpellier