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Télécoms: la concurrence n'est plus la priorité, selon Montebourg

Le ministre se garde bien de critiquer l'Arcep ou l'Autorité de la concurrence

Le ministre se garde bien de critiquer l'Arcep ou l'Autorité de la concurrence - -

Le ministre du Redressement productif critique l'ouverture à la concurrence, la politique menée en Europe, et plaide pour la constitution d'opérateurs géants ce lundi 24 juin.

Arnaud Montebourg et Stéphane Richard ne sont pas d'accord sur Dailymotion ou l'affaire Tapie. Mais le ministre du Redressement productif et le PDG d'Orange sont en phase sur la politique industrielle à suivre en matière de télécoms. Lundi 24 juin, Arnaud Montebourg a signé dans Les Echos une tribune qui rejoint les thèses défendues par l'opérateur historique.

Dans ce texte, le trublion du gouvernement fustige "la politique de développement de la concurrence" menée "depuis 20 ans" en Europe. Elle a eu pour "conséquence l'émiettement de nos acteurs économiques. Nos acteurs, souvent limités à leur marché national ou au territoire de quelques Etats membres, sont aujourd'hui de trop petite taille pour la conquête des marchés internationaux, et vulnérables par rapport aux nouveaux acteurs globaux de l'Internet. Il faut favoriser la constitution de champions européens des télécoms capables d'adresser un marché européen, voire mondial".

Tout sur le dos de l'Europe

Pour le ministre, "la priorité aujourd'hui ne doit plus être d'accroître la concurrence entre les opérateurs télécoms, qui est désormais bien installée, mais de créer les conditions pour le développement des réseaux à très haut débit qui contribueront à une attractivité durable de l'Europe".

Selon lui, "notre nouvelle obsession en Europe doit être l'investissement". Il veut "privilégier le co-investissement et le partage de risques entre les acteurs, et non plus continuer à pousser une ouverture systématique des réseaux pour tous". Une affirmation qui, là encore, va à rebours de la politique menée depuis 20 ans, où chaque opérateur était incité à construire son propre réseau (concurrence par les infrastructures).

Enfin, le ministre plaide pour "un profond changement de paradigme dans l'approche réglementaire européenne". Toutefois, il met tout sur le dos de l'Europe, et se garde bien d'attaquer le régulateur français (Arcep) ou l'Autorité de la concurrence française, qui ont pourtant mis en place avec conviction cette politique d'ouverture à la concurrence.

L'ironie de cette tribune est qu'elle est co-signée par la ministre déléguée au Numérique Fleur Pellerin, qui est sur une ligne beaucoup plus libérale que son ministre de tutelle...

Jamal Henni