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Tests de gaz d'échappement sur des singes et des humains: Bruxelles "choqué"

Un organisme de recherche aurait fait inhaler du gaz d’échappement pendant plusieurs heures à des cobayes humains pour le compte de constructeurs

Un organisme de recherche aurait fait inhaler du gaz d’échappement pendant plusieurs heures à des cobayes humains pour le compte de constructeurs - FRED TANNEAU / AFP

Des scientifiques néerlandais ont également affirmé ce mardi que ces pratiques étaient courantes aux Pays-Bas.

La Commission européenne s'est dite "choquée" ce mardi par la révélation de tests d'émissions polluantes visant des singes et des humains dans l'industrie automobile allemande.

"Nous sommes choqués par ces nouvelles comme n'importe qui d'autre", a dit le porte-parole de l'exécutif européen, interrogé par la presse. "Nous prenons note du fait que les autorités allemandes visent à enquêter sur ce sujet et nous espérons qu'elles le feront", a-t-il ajouté.

"Je pense que c'est aux autorités nationales de traiter le sujet" et ce type de sujet "requiert une action urgente des autorités nationales", a précisé le porte-parole de l'exécutif européen. La commissaire européenne à l'Industrie Elzbieta Bienkowska a estimé sur Twitter que ces tests étaient "immoraux et inacceptables pour une entreprise européenne au 21e siècle".

Des tests effectués "depuis des années" aux Pays-Bas

Et le scandale prend de l'ampleur. Ce mardi, des scientifiques néerlandais ont révélé que des les tests pour mesurer l'impact de l'exposition aux gaz d'échappement sont effectués "depuis des années déjà" sur des personnes et des animaux aux Pays-Bas.

Au cours d'une expérience menée en 2006, des volontaires ont été exposés aux émanations diluées d'un moteur diesel durant deux heures maximum, a indiqué mardi le quotidien de référence NRC. Il s'agit des émanations respirées chaque jour dans une ville animée ou près d'une autoroute, selon Flemming Cassee, toxicologue auprès de l'Institut national pour la Santé publique et l'Environnement (RIVM) chargé de cette recherche, cité par le journal. Selon lui, l'agitation autour de l'expérience en Allemagne est "une tempête dans un verre d'eau".

Deux affaires distinctes

Le scandale des moteurs diesel est revenu hanter les constructeurs allemands après des révélations sur des tests visant des singes et des humains pour mesurer l'impact des émanations du gazole. Volkswagen, BMW, Daimler et l'équipementier Bosch affrontent deux affaires distinctes mais révélées quasi-simultanément, impliquant toutes deux un organisme de recherche qu'ils finançaient, l'EUGT, fermé depuis.

Le premier scandale, dévoilé par le New York Times, porte sur des tests menés aux États-Unis sur des singes en 2014, enfermés face à des dessins animés pendant qu'on leur faisait respirer la fumée émise par une Beetle, successeur de la Coccinelle, modèle phare de Volkswagen.

Les journaux Stuttgarter Zeitung et Süddeutsche Zeitung ont ensuite évoqué lundi d'autres tests, cette fois en Allemagne et sur des êtres humains. Un institut hospitalier d'Aix-la-Chapelle, mandaté par l'EUGT, aurait ainsi fait inhaler en 2013 et 2014 du dioxyde d'azote (NO2) à 25 personnes en bonne santé, à des concentrations variées, détaillent les deux journaux. Le but était selon l'institut de mesurer l'effet de l'exposition au NO2 sur le lieu de travail, "par exemple pour les conducteurs de poids-lourds, les mécaniciens ou les soudeurs", pour recommander une éventuelle baisse des seuils réglementaires.

P.L avec AFP