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TF1 renouvelle Patrick Buisson à la tête de la chaîne Histoire

Patrick Buisson assistant à un meeting de Nicolas Sarkozy le 4 mai 2012

Patrick Buisson assistant à un meeting de Nicolas Sarkozy le 4 mai 2012 - Eric Feferberg AFP

La Une vient de renouveler pour un an le mandat de directeur général de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Elle avait pourtant assuré vouloir se séparer du sulfureux journaliste après la révélation de ses enregistrements clandestins de conversations privées de l'ex-président.

TF1 vient de renouveler le mandat de Patrick Buisson à la direction de la chaîne thématique Histoire, propriété de la Une. Ce mandat de directeur général a été renouvelé pour un an, indique un document de la société (cf. ci-dessous). La possibilité d'un tel renouvellement avait été évoquée il y a trois mois par Atlantico puis Challenges.

Visiblement, Patrick Buisson a su se montrer persuasif avec son employeur. La chaîne est passée outre le scandale levé par plusieurs titres de presse qui avaient révélé en février 2014 son goût immodéré pour l'enregistrement des propos tenus en privé par diverses personnalités, à commencer par Nicolas Sarkozy dont il était le très écouté conseiller. 

Bagarre dans les locaux

Après ce scandale, TF1 disait vouloir se séparer du journaliste sulfureux. Selon Le Nouvel Obs, les avocats de la Une ont même étudié la possibilité de le révoquer.

Ils disposaient de plusieurs arguments juridiques pour cela. D'abord, son mandat de directeur général "arrivait à expiration" début 2015, indique le document de la chaîne.

Surtout, Patrick Buisson aurait commis dans ses fonctions plusieurs actes contestables. Ainsi, selon le Monde, il se vantait d'avoir enregistré des conversations avec Martin Bouygues, le principal actionnaire de TF1. Le Nouvel Obs ajoute qu'il "sait beaucoup de choses sur Martin Bouygues".

Pire: en décembre 2012, une violente bagarre a eu lieu dans les locaux de TF1 entre Patrick Buisson et son fils Georges, que le père avait fait recruter à Histoire quelques années plus tôt. Selon Europe 1, il aura fallu appeler le service de sécurité pour les séparer.

Mise en retraite

Interrogé par Le Nouvel Obs après le scandale, Martin Bouygues répondait: "comme Buisson part à la retraite à la fin de l'année 2014, je ne vois pas pourquoi nous dépenserions de l'argent pour le faire partir."

Mais aujourd'hui, TF1 tient un discours différent sur une mise en retraite. La porte-parole de la Une explique: "Patrick Buisson, qui vient d'avoir 66 ans, n'a pas atteint la limite d'âge pour exercer son mandat de directeur général. De toutes façons, le statut juridique de la chaîne Histoire, qui est une société par actions simplifiée, n'impose pas d'âge limite à son directeur général". 

Légalement, cet encombrant salarié ne pourra apparemment être mis en retraite que lorsqu'il atteindra le nouvel âge plafond de 70 ans, soit en avril 2019...

Un jour sur deux

Rappelons que Patrick Buisson, ancien directeur de la rédaction de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute, est entré dans le groupe TF1 en 1999, travaillant d'abord pour LCI, puis promu à l'automne 2007 à la tête de la chaîne Histoire. Selon Le mauvais génie, livre qui est consacré, cette promotion à la tête d'Histoire a été demandée à Martin Bouygues par Nicolas Sarkozy lui-même.

Grâce à poste, Patrick Buisson dispose d'un bureau spacieux dans la tour TF1 où il vient environ un jour sur deux, ainsi que d'un salaire confortable (certains parlent de 10.000 euros par mois, chiffre démenti par TF1). Toutefois, toujours selon le livre Le mauvais génie, il aurait des rapports exécrables avec le PDG Nonce Paolini, ce que confirment des salariés.

Contactés, ni Patrick Buisson, ni son avocat Gilles-William Goldnadel n'ont répondu. De son côté, la porte-parole de TF1 assure que "le mandat de directeur général est proposé à l'assemblée générale chaque année". Mais cette affirmation de TF1 n'est pas confirmée par les résolutions de l'assemblée générale des années précédentes, qui ne contiennent aucune résolution sur le renouvellement du directeur général.