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Henri Proglio, ex-EDF, va devenir président de Thalès

Henri Proglio

Henri Proglio - Eric Piermont - AFP

Henri Proglio, ex-patron d'EDF, va prendre la présidence non exécutive de Thalès, annonçait l'AFP samedi. Thalès, dont vient justement Jean-Bernard Levy, qui a obtenu la présidence d'EDF en octobre.

Un vrai jeu de chaises musicales à la tête des grandes entreprises industrielles françaises. Henri Proglio s'apprête à prendre la présidence non-exécutive du conseil d'administration de Thalès, a annoncé samedi 20 décembre l'AFP. Le groupe d'électronique, dont le PDG, Jean-Bernard Lévy, a justement été choisi pour remplacer le même Henri Proglio à la tête d'EDF, il y a deux mois.

L'ex-PDG d'EDF ne reprend pas exactement le poste de son successeur à la tête de l'énergéticien français. Il partagera avec Patrice Caine, un thalésien depuis douze ans, les responsabilités qui incombaient à Jean-Bernard Lévy.

Les principaux actionnaires du géant de l'électronique, l'Etat et l'avionneur Dassault, avec respectivement 27 et 26% du capital, n'ont en effet pas réussi à s'entendre sur le nom d'un successeur unique.

Une succession non-préparée

Lorsque l'Etat a nommé Jean-Bernard Lévy à la tête d'EDF en octobre, sa succession à la tête de Thalès, où il officiait depuis 2012 n'avait pas été préparée.

Henri Proglio était candidat à sa propre succession à la tête d'EDF. Mais cet homme de réseaux, ex-patron de Veolia Environnement, avait été évincé par l'Etat, actionnaire à 80% du groupe d'énergie. Il avait déjà, selon les rumeurs de presse, failli perdre son poste après l'élection de François Hollande, certains le jugeant trop proche de Nicolas Sarkozy, d'autres de Jacques Chirac. 

D'autre évoquaient encore une enquête de l'Inspection générale des finances sur les conditions d'un partenariat signé en 2011 entre EDF avec un concurrent chinois, CGNPC. Henri Proglio aurait négocié seul, et contre l'avis du gouvernement, afin de court-circuiter son concurrent Areva dirigé à l'époque par Anne Lauvergeon, avec qui les relations étaient explosives. Ce contrat lui aurait permis de bénéficier d'un accès privilégié au marché chinois, quitte à effectuer des transferts de technologie. Plusieurs sources disaient alors Henri Proglio sur la sellette, mais le dirigeant s'était maintenu à son poste.

1 million d'euros de rémunération annuelle

Il aura finalement tenu trois ans de plus, et obtient un lot de consolation plutôt prestigieux. Le montant de sa future rémunération n'est pas connu, mais celle de Jean-Bernard Lévy s'est élevée à plus d'un million d'euro (1.008.039 euros) en 2013. Sans compter les jetons de présence pour siéger au conseil d'administration, pour 38.500 euros annuel.

Des émoluments qui étaient restés en travers de la gorge des actionnaires du groupe, qui se prononçaient pour la première fois en 2014 sur le niveau de rémunération du dirigeant. Cette résolution n'avait été adoptée qu'à 54,94% des voix. Un tollé à double titre: le groupe a fait le pire score, et de loin, des entreprises du CAC 40 qui soumettait ce sujet au vote. Et selon le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest, un vote sur la rémunération qui obtient moins de 80% des voix est un échec. 

Nina Godart, S.A. avec AFP