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Tom Enders: Airbus veut tester "un prototype de voiture volante cette année"

Tom Enders répondait aux questions d'Hedwige Chevrillon en direct du Salon du Bourget.

Tom Enders répondait aux questions d'Hedwige Chevrillon en direct du Salon du Bourget. - BFM Business

Tom Enders, le PDG d'Airbus, en direct du salon du Bourget ce mardi, a fait part de son optimisme à propos des commandes à venir, notamment d'A380+, et a détaillé quelques projets d'Airbus.

Dès le premier jour du Salon aéronautique du Bourget lundi, Airbus a reçu une méga commande de 100 appareils A320neo et A321neo, pour une valeur catalogue de plus de 10 milliards d'euros, de la part du loueur GE Capital. Au lendemain de cette annonce, Tom Enders, le PDG d'Airbus, accordait une interview à BFM Business.

Hedwige Chevrillon: Ce salon du Bourget se présente-t-il comme un bon cru ou, comme on le dit déjà, un petit millésime?

Tom Enders: Je pense que ce sera un super salon du Bourget. D'abord à cause du temps, qui ne pourrait être plus beau. Deuxièmement, à l'heure où nous parlons, nous avons reçu 112 commandes dont 100 de GE Capital. Et j'espère qu'il y en aura d'autres à venir dans les prochains jours.

Êtes-vous le "challenger" de Boeing, ou Boeing est-il votre "challenger"?

TE: Très bonne question. C'est chacun son tour depuis quelques années. Parfois l'un est "challenger" de l'autre, et parfois c'est l'inverse. Je pense qu'avec la famille A320, en particulier l'A320neo et l'A321, nous avons vraiment de quoi challenger nos amis de Boeing.

Est-ce que vous présentez un nouvel avion cette année, ou seulement la nouvelle version de l'A380, l'A380+?

TE: L'A351-1000 apparaît pour la première fois ici au Bourget. C'est le "upper member" de la famille des A350. Un appareil très important parce qu'il est vraiment compétitif par rapport aux concurrents de même catégorie.

Quant à l'A380+, ses nouvelles ailettes de près de 5 mètres, présentes sur chaque aile, vont probablement permettre d'améliorer de 4% la consommation de fioul. Par ailleurs, au niveau de la cabine, nous avons la capacité d'embarquer quelque 80 passagers de plus. L'A380 était déjà le meilleur de sa catégorie et devient encore mieux. On espère que ce sera prouvé et approuvé par les acteurs du secteur.

Est-ce que vous attendez des commandes d'A380+ au Bourget?

TE: Pas forcément ici au salon, mais c'est en préparation. Nous sommes en cours de discussions avancées avec plusieurs clients potentiels. Ce n'est pas encore officiel, mais évidemment notre principal client pour l'A380, Emirates, est aussi intéressé. Je vais voir cela très rapidement, je suis optimiste.

Ce salon met particulièrement en avant le digital, les start-up. Peut-on en déduire que les concurrents d'Airbus aujourd'hui viennent de la Silicon Valley? Que l'aéronautique est en train de devenir une industrie numérique?

TE: C'est vraiment un sujet très important pour notre industrie. Nous avons beaucoup investi, particulièrement ces deux dernières années, pour digitaliser notre groupe dans le développement, dans la production, en inventant de nouveaux services. Il y aura d'ailleurs quelques annonces dans les prochains jours. Je ne doute pas que notre prochain compétiteur puisse venir de la Silicon Valley, mais je crois que la question est plutôt de savoir si nous pouvons capitaliser sur une technologie, des process, apportés par ces entreprises talentueuses de la high tech, des partenariats à nouer. Par exemple nous avons un important partenariat dans le big data, l'analyse de données, avec la société Palantir, qui est probablement la meilleure sur le marché aujourd'hui. Je pense que la digitalisation va vraiment créer une troisième révolution dans l'industrie aérospatiale.

Des voitures volantes construites par Airbus, est-ce un rêve ou une réalité imminente?

TE: Je ne pense pas que ce soit un rêve, une vision. La plupart des technologies dont nous avons besoin pour cela sont déjà en place. Nous comptons faire voler un prototype avant la fin de l'année. Nous avons plusieurs projets dans les tuyaux. C'est extrêmement important pour nous parce que nous craignons, si nous ratons ce développement, que ce marché frappe durement celui de nos hélicoptères. Le moment est bien choisi, nous profitons de l'avancée des technologies. Les voitures autonomes, l'intelligence artificielle, le "machine learning", les nouveaux matériaux. Tout arrive au même moment, converge, et je pense que nous pouvons en tirer profit.

Emmanuel Macron est venu au Bourget en A400M. Est-ce qu'avec son élection, la France redevient un territoire d'investissement potentiel pour Airbus?

TE: Nous apprécions beaucoup le fort soutien des États, et particulièrement celui du gouvernement français pour le programme A400M. La France a acheté 11 A400M, et devrait en commander encore deux ou trois de plus cette année. Ces avions sont maintenant en mission réelle et se débrouillent bien. Nous avons sans doute encore des progrès à faire pour améliorer ces fonctionnalités militaires dans les prochaines années. Mais je suis absolument sûr que bientôt, les armées de l'air de toute l'Europe seront fières de voler sur l'A400M.

Airbus envisage-t-il de quitter la Grande-Bretagne si les négociations qui viennent de commencer s'orientent vers un hard Brexit?

TE: Nous n'avons jamais été favorables à un hard brexit. Nous avons de larges installations industrielles au Royaume-Uni. Aujourd'hui, ces sites sont particulièrement compétitifs. Nous espérons qu'il n'y aura pas de nouvelles barrières dressées avec le Brexit, en termes de liberté de circulation des personnes. Nous avons des personnes à déplacer tous les jours en Europe. Si nous ne pouvons plus le faire facilement, nous n'avons plus de raison de rester au Royaume-Uni. 

Je pense que nous ne sommes pas les seuls dans ce cas de figure. Avec de nombreux collègues dans l'aérospatiale mais aussi dans d'autres industries, nous travaillons dur pour convaincre les gouvernements des deux bords de la Manche de maintenir, autant que possible, la liberté de mouvement des travailleurs, afin que cela ne devienne pas une contrainte significative. Je ne suis pas ici pour spéculer sur le résultat des négociations du Brexit qui ont commencé et qui vont durer deux ans. Mais soyez surs que nous allons surveiller cela très attentivement et faire clairement connaître nos intérêts.

N.G.