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Tour de vis en vue pour Areva

Areva devrait annoncer des cessions d'actif en mars prochain (photo d'illustration)

Areva devrait annoncer des cessions d'actif en mars prochain (photo d'illustration) - Philippe Desmazes - AFP

Le groupe nucléaire français devrait annoncer, le 4 mars prochain, 1 milliard d'euros d'économies ainsi que des cessions d'actifs, selon des sources syndicales citées par l'agence Reuters.

Areva va être obligé de se serrer la ceinture. Le géant français du nucléaire devrait annoncer le 4 mars prochain sa volonté de céder des actifs et de faire un milliard d'euros d'économies sur trois ans. Mais la direction ne devrait pas entrer dans les détails ni répondre à la question de ses besoins en capitaux, selon des sources syndicales.

Le plan de redressement du groupe nucléaire français, dont l'Etat est actionnaire à 87%, ne sera bouclé définitivement que dans plusieurs mois et donc pas pour la présentation de ses résultats annuels mercredi, disent-elles.

Pas de "scoop en vue"

Le président d'Areva, Philippe Varin, "a déjà averti un peu tout le monde qu'il ne fallait pas attendre de scoop", a dit à Reuters un représentant des salariés. "Ce qui est sûr, c'est que notre direction générale dit, attention, le 4 mars c'est une étape. Les vraies décisions seront lancées d'ici fin juin", confirme un autre syndicaliste.

Seuls les grands principes seront évoqués mercredi mais "pas les détails pratiques", précisent d'autres sources syndicales. "Ils vont par exemple dire qu'ils veulent faire des cessions mais pas préciser quelles seront les entités concernées."

Toujours selon ces sources, le directeur général d'Areva, Philippe Knoche, a fait état mercredi devant des représentants du personnel de capitaux propres "proches de zéro", ajoutant cependant que cela n'entraînait pas l'obligation d'une recapitalisation immédiate.

Entre 2 et 2,5 milliards d'euros de besoin en fonds propre

L'Etat prendra ses responsabilités mais une augmentation de capital n'est pas la priorité, avait déclaré mardi à Reuters le ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Des experts mandatés par les syndicats n'en estiment pas moins que le besoin de recapitalisation du groupe est de 2 à 2,5 milliards d'euros, précisent certaines de ces sources. Philippe Knoche a également fait état d'une révision à la baisse des perspectives de commandes de réacteurs EPR -- une douzaine au lieu de 25 à l'horizon 2030.

Selon plusieurs sources syndicales, Areva veut réduire de 15% sa masse salariale, ce qui représenterait un montant d'environ 300 millions d'euros, dans le cadre d'un nouveau plan d'économies d'un milliard d'euros sur trois ans, dont l'impact social devrait leur être présenté en avril.

La direction a annoncé le 23 février que les pertes d'Areva pour 2014, dépréciations d'actifs et provisions comprises, se chiffraient à 4,9 milliards d'euros et qu'une "feuille de route stratégique et financière" était en préparation. Selon des sources syndicales, les pertes d'exploitation ne représenteraient qu'environ 1,2 milliard d'euros sur ce total. 

Vers un rapprochement avec EDF?

La direction d'Areva et l'Etat étudient la cession éventuelle de filiales : l'activité logistique TNI, la branche démantèlement et assainissement des installations nucléaires STMI et le spécialiste de la mesure de la radioactivité Canberra, voire des mines, indiquent ces sources. Les syndicats objectent que la cession de telles activités, qui font partie du coeur de métier d'Areva, porterait atteinte à sa substance sans régler la situation financière du groupe. Ils confirment par ailleurs que la direction d'Areva veut "sortir" des énergies renouvelables, dont l'éolien.

La perspective d'un rapprochement capitalistique ou d'une fusion Areva-EDF n'est en revanche pas à l'ordre du jour, ajoutent les syndicats. Mais l'Etat veut améliorer la coopération entre ces deux fleurons de l'industrie française, souvent à couteaux tirés. "On ne va pas fusionner avec EDF mais il va y avoir des décisions de l'Etat sur le fait que nos deux entreprises doivent être partenaires de manière officielle", explique un dirigeant syndical au fait des discussions en cours. Cela passera-t-il par un apport de capital d'EDF à Areva ? "Ça c'est la grande inconnue. Là, on ne nous dit rien", dit-il.

J.M. avec Reuters