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Tourisme spatial : quand la science-fiction devient réalité

Le ballon stratosphérique de Bloon, qui monte à 30 kilomètres du sol, la où l'on voit la terre s'arrondir et le ciel virer au noir violacé.

Le ballon stratosphérique de Bloon, qui monte à 30 kilomètres du sol, la où l'on voit la terre s'arrondir et le ciel virer au noir violacé. - Bloon

Vols paraboliques pour vivre l'apesanteur, ballons stratosphériques, navettes capables de voler à mach 3 pour s'approcher de la limite de l'atmosphère terrestre... L'émission Goûts de luxe était en partie consacrée jeudi au tourisme spatial. L'occasion de faire le point sur les divers possibilités offertes à ceux qui rêvent de toucher du doigt les étoiles.

Vous prendre pour un astronaute, ou du moins ressentir en partie les émotions qu'il peut vivre, c'est presque possible. Plusieurs entreprises proposent aujourd'hui des expériences qui permettent de voyager en apesanteur, première étape du tourisme spatial avant les vols aux limites de l'atmosphère terrestre. A ceux qui en ont l'envie, et surtout les moyens, voici ce que les entreprises européennes du secteur peuvent vous proposer.

Bloon, le ballon stratosphérique

Cette société implantée à Barcelone propose aux touristes fans de l'espace de décoller dans un ballon stratosphérique à plus de 30 kilomètres d'altitude. A cette distance du sol, on découvre un horizon courbe et un ciel totalement noir de jour comme de nuit. "Cela était déjà possible depuis le cockpit d'un Concorde, à 18 kilomètres du sol, mais le ciel autour n'était pas complètement noir. Plutôt violet foncé", explique le président de Bloon, Jose Mariano Lopez-Urdiales.

Pour vivre cette expérience, Bloon a mis au point avec ses partenaires industriels un ballon strastosphérique rempli à l'hélium comparable à celui utilisé par Felix Baumgartner lors de son saut spectaculaire.

Ce ballon est doté d'une "nacelle pressurisée, comme une cabine d'avion privé en forme de donut. De grands hublots permettent d'admirer le spectacle. A bord, deux pilotes et quatre passagers. La montée prend deux heures, et on peut rester deux heures en haut.

Pour le moment, le ballon est encore à l'essai, avec des robots et des capteurs à bord. Les premiers passagers devraient être accueillis dans deux ans. Le voyage coûte 110.000 euros. Comptez 2.000 euros pour mettre votre nom sur la liste d'attente. Une liste qui, malgré ce prix, "s'allonge". Avec des candidats aux exigences particulières, raconte Jose Mariano: "il y a des gens qui commandent des repas particulier, d'autres qui veulent se marier dans le ballon".

Novespace, l'expérience de l'apesanteur

Cette filiale du Centre national d'étude spatiale, Novespace, est spécialisée dans les vols paraboliques. Des vols qui permettent de vivre pendant quelques dizaines de secondes la sensation de l'apesanteur.

"En Europe, il a été très long d'obtenir les autorisations pour faire voler le public", explique Jean-François Clervoy président de Novespace. Or le centre français a choisi miser sur les amoureux de l'espace issus de la société civile pour développer la science. "Parce qu'il n'y a pas meilleur ambassadeur qu'un individu qui vit l'expérience spatiale pour la première fois et la raconte ensuite à ses voisins, ses collègues, ses amis, sa famille", estime cet ex-astronaute qui a volé à trois reprise à bord de la navette spatiale américaine.

Novespace a déjà effectué six vols, trois en 2013 et trois autres en 2014. Ainsi, une centaine de personnes a pu en profiter, "dont certains sont revenus trois fois", se félicite l'astronaute. Après une interruption de 12 mois, les vols reprennent en avril 2015. Il devrait y avoir "cinq ou six vols par an".

Les intéressés doivent débourser 6.000 euros pour cette expérience inoubliable. "Pendant 35 secondes, le passager vit la sensation de son poids réduit de deux tiers, comme s'il était debout sur la planète Mars", détaille le président de Novespace. Une sensation d'apesanteur "difficile à décrire: on ne sent plus son poids, on peut même oublier qu'on a un corps. On n'a rien qui nous rappelle que cela nous gratte, qu'on a une cicatrice..."

Les vols durent une heure et demie maximum. Tout candidat doit passer avant "la même visite médicale que les pilotes privés au niveau cardiaque et respiratoire", précise-t-il. Mais les exigences en matière de performance de vue ne sont pas les mêmes puisque, fort heureusement, "les passagers ne pilotent pas l'appareil".

Swiss Space Systems, le voyage suborbital abordable

Fondée en 2012, cette entreprise suisse a pour but ultime de faire voler des navettes spatiales qui pourraient assurer des vols suborbitaux. A mach 3 entre l'Europe et les Etats-Unis, on traverserait l'Atlantique en moins d'une heure, avec une demi-douzaine de passagers à bord. Pour réaliser ce rêve, Swiss Space Systems s'appuie sur un modèle mixte. Elle entend aussi s'imposer sur le marché du lancement de petits satellites pour les Etats, explique Pascal Jaussi, son fondateur. Elle pourrait ainsi emmener des touristes dans la navette, à moindre coût puisque les frais seront mutualisés entre celui qui lance le satellite, et les individus qui veulent visiter la stratosphère. Un moyen de démocratiser le voyage dans l'espace.

Les premiers vols habités sont programmés pour les années 20. Swiss Space Systems prévoit d'utiliser des navettes utilisant des technologies déjà éprouvées. Ces engins effectueront des vol suborbitaux. "Comme ils consomment 50 à 100 fois moins d'énergie, ils coûtent de 50 à 100 fois moins cher qu'un vol orbital", explique Jean-François Clervoy. Il faut compter entre 200 et 300.000 euros le vol. Cela reste "très cher", reconnaît-il. Mais "la richissime Britannique qui se paie un vol orbital à bord de la station spatiale internationale en septembre, paie, elle, 35 millions de dollars!"

Pierre Kupferman, édité par N.G.